Allemagne : un scandale secoue le parti écologiste « les Verts » sur la question de la sortie du nucléaire.

En Allemagne, un haut responsable écologiste est soupçonné d’avoir dissimulé des expertises favorables à la poursuite de l’exploitation de l’énergie nucléaire afin de forcer à la sortie de cette ressource par le pays, pour satisfaire son idéologie personnelle.

Un magazine allemand a révélé que le ministère de l’Économie, dirigé par le chef écologiste Robert Habeck, avait négligé plusieurs avertissements concernant la sortie de l’énergie nucléaire du pays.

Le 15 avril 2023 a été un jour de triomphe pour les « Grünen » (« les Verts » allemands – ndlr), dont la réputation est fondée sur la lutte contre l’énergie nucléaire : les trois dernières centrales nucléaires en Allemagne ont été déconnectées du réseau électrique. Cependant, un an plus tard, malgré cela, une majorité d’Allemands, soit 58 % selon un sondage RTL, reste opposée à cette décision.

La controverse déclenchée par les révélations du magazine allemand « Cicero » va renforcer leur scepticisme. Les accusations affirment que la fin de l’exploitation de l’énergie nucléaire aurait été dictée par des considérations idéologiques des deux ministères concernés, au détriment des faits (ce qui ne sera une surprise que pour les naïfs).

Les ministères de l’Économie et de l’Environnement sont dirigés par des écologistes, Robert Habeck et Steffi Lemke. Tous deux rejettent catégoriquement les accusations. Le magazine, ayant intenté une action en justice, a finalement obtenu gain de cause. Après avoir examiné attentivement les piles de documents qui lui ont été remis, « Cicero » est parvenu à une conclusion troublante : les hauts fonctionnaires du ministère, majoritairement affiliés aux « Verts », auraient systématiquement ignoré l’avis des experts consultés (et rémunérés par le contribuable, précise le journal).

Ces experts avaient lancé plusieurs signaux d’alarme concernant la sécurité de l’approvisionnement énergétique après le début de la guerre en Ukraine et avaient recommandé un report de la sortie totale du nucléaire. Selon « Cicero », personne n’aurait pris en compte les arguments, examiné les différentes options et tiré les conclusions qui s’imposaient. Cette affaire soulève aujourd’hui une série de questions délicates : les Verts ont-ils ignoré l’avis des experts par conviction idéologique ou pour conforter leur croyance dans les dangers du nucléaire ? Robert Habeck a-t-il été informé de ces rapports et a-t-il préféré les ignorer pour ne pas compromettre son projet phare, la sortie totale du nucléaire à l’automne 2023 ? Ou bien les hauts fonctionnaires de son ministère ont-ils dissimulé l’avis défavorable des experts ?

Les équipes chargées du dossier nucléaire au ministère auraient peut-être manipulé l’opinion publique, voire le ministre lui-même. Il s’agit potentiellement de rétention d’information et de manipulation. « Ceci est un scandale majeur, note le rédacteur en chef du magazine. Et pas seulement pour un gouvernement qui prétend défendre la démocratie et la transparence. Une telle affaire alimente la méfiance des citoyens envers la politique. »

Le jour du premier anniversaire de la sortie du nucléaire, Robert Habeck déclarait avec satisfaction que tout s’était bien passé, que l’Allemagne n’avait pas connu de pénuries énergétiques. Pari réussi. « Toutes ces prévisions pessimistes, répète-t-il aujourd’hui, ne se sont pas réalisées.

L’approvisionnement énergétique a été entièrement assuré, le prix de l’énergie a même baissé. Nous nous en sommes très bien sortis. » Habeck nie les allégations de « Cicero » : « Ces accusations selon lesquelles certaines informations confidentielles ne me sont pas parvenues sont fausses. »Cependant, ces révélations risquent de nuire à ce ministre longtemps chéri des médias et pressenti pour représenter « les Verts » aux prochaines élections législatives de l’automne 2025.

Aucune personnalité politique allemande ne suscite autant de passion que Robert Habeck. Tandis que certains voient en lui un porteur d’espoir, d’autres espèrent sa chute. Certains réclament l’ouverture d’une enquête parlementaire approfondie, tandis que d’autres réclament déjà sa démission.

Didier Maréchal

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