En Guadeloupe, Laurella Yssap-Rinçon, ex directrice du Mémorial ACTe, a été condamnée à un an de prison avec sursis.
Laurella Yssap-Rinçon, ancienne directrice du Mémorial ACTe (MACTe), également connu sous le nom de « Centre Caribéen d’Expression et de Mémoire de la Traite et de l’Esclavage », a été condamnée, ce mardi 30 avril, pour favoritisme. Elle a écopé d’une peine d’emprisonnement d’un an avec sursis, en conformité avec les réquisitions du parquet datant du 23 janvier dernier. De plus, elle a été condamnée à une amende de 10 000 euros, ainsi qu’à une inéligibilité de deux ans et à une interdiction de deux ans d’exercice dans la fonction publique, selon les déclarations du président du tribunal.
Le tribunal a jugé la constitution de partie civile du MACTe, dédié à la mémoire de la traite et de l’esclavage à Pointe-à-Pitre, « irrecevable », bien que l’institution ait demandé plus de 900 000 euros. Après le prononcé de la décision, Laurella Yssap-Rinçon a refusé de faire tout commentaire lorsqu’interrogée par l’Agence France-Presse. Cependant, elle a déclaré à « Guadeloupe La 1ère » qu’elle « avait fait appel ».
Depuis 2021, les affaires au MACTe sont sous les projecteurs, avec de nombreux conflits au sein de l’établissement, notamment entre l’ancienne directrice et le président actuel de son conseil d’administration, Ary Chalus, qui est également président de région. Ce dernier a lancé plusieurs procédures de révocation contre Mme Yssap-Rinçon, plusieurs fois rejetées par le tribunal administratif, avant que celle-ci ne soit renvoyée devant le tribunal correctionnel pour des allégations d’atteinte aux marchés publics.
En novembre 2023, un rapport de la chambre régionale des comptes avait étrillé la gestion du musée, pointant de nombreuses défaillances : «comptes insincères », « ingérence de la région » dans un de ses établissements satellites et absence de projet scientifique dans un musée qui « ne répond pas aux ambitions » de l’établissement, qui visait à faire de la Guadeloupe le centre mondial de la recherche sur la traite négrière.
Ce rapport a donné lieu, un mois avant sa publication, à un cinglant réquisitoire du procureur financier auprès de la Cour des comptes. Depuis 2019, le MACTe est également sous la coupe d’une enquête du Parquet national financier au sujet des marchés liés à sa construction, pour lequel le musée a fait appel à des dizaines de millions d’euros de subventions européennes.
Joseph Kouamé