Géorgie : Des dizaines de milliers de Géorgiens manifestent contre la loi sur l' »influence étrangère »

Ce mercredi 1er mai au soir, en Géorgie, des dizaines de milliers de manifestants ont pris d’assaut les rues pour exprimer leur opposition à un projet de loi sur « l’influence étrangère », critiquant ses similitudes avec une législation russe utilisée pour réprimer l’opposition. La mobilisation se poursuit malgré l’adoption en deuxième lecture de ce projet par le Parlement, avec une troisième lecture encore prévue. (Source : AFP ).

Le projet de loi sur « l’influence étrangère » a été adopté en deuxième lecture par le parlement géorgien. Si cette loi est définitivement adoptée, elle exigera que toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger s’enregistre en tant qu’ «organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ».

Ce pays du Caucase est en proie à des manifestations antigouvernementales depuis le 9 avril dernier, après que le parti au pouvoir, « le Rêve géorgien », a réintroduit ce projet de loi perçu comme une entrave aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l’Union Européenne.

Les députés ont voté, ce mercredi 1er mai, à 83 pour et 23 contre ce texte que « le Rêve géorgien » compte adopter définitivement d’ici mi-mai, malgré trois semaines de mobilisation dans la rue de ses opposants. Le texte doit encore passer une troisième lecture et la présidente Salomé Zourabichvili, qui est en conflit avec le parti au pouvoir, devrait y opposer son veto. « Le Rêve géorgien » dispose cependant d’assez de voix pour pouvoir passer outre.

Comme la veille, les manifestants se sont rassemblés ce mercredi soir devant le Parlement en brandissant des drapeaux géorgiens et européens, tandis que résonnait l’ « Ode à la joie » (poème de Friedrich von Schiller écrit en 1785. Il est surtout connu comme finale du quatrième et dernier mouvement de la 9ᵉ Symphonie de Beethoven – ndlr), l’hymne de l’UE, a constaté un journaliste de l’AFP.

Gaz poivre et canons à eau

La police, qui avait, la veille, dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, a délogé cette fois avec du gaz poivre et des canons à eau un petit groupe de manifestants qui tentaient de bloquer l’entrée latérale du Parlement. Le reste du rassemblement s’est poursuivi de manière pacifique dans la soirée.

« Leur violence insensée est futile. La manifestation ne fera que s’amplifier car la colère populaire grandit contre notre gouvernement », a commenté l’un des manifestant, Tato Gachechiladzé, 20 ans. « La Géorgie appartient à l’Europe et nous ne tolérerons pas des lois russes et un gouvernement pro-russe », a-t-il ajouté (le texte controversé s’inspire d’une législation russe utilisée par le Kremlin – ndlr)

Le ministère de l’Intérieur a, lui, assuré que la police avait utilisé « les moyens spéciaux prévus par la loi – gaz poivre et canons à eau – afin de rétablir l’ordre public ».

« Vive inquiétude »

L’Union Européenne a condamné la « violence » de la police lors de la nuit précédente durant laquelle des journalistes, dont un photographe de l’AFP, ont été pris pour cible. Une soixantaine de manifestants ont aussi été arrêtés. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué, ce mercredi, suivre avec « une vive inquiétude » les manifestations, appelant Tbilissi à « garder le cap » vers l’UE.

Des rassemblements similaires ont eu lieu cette semaine dans tout le pays, notamment à Batoumi, la deuxième ville de Géorgie, et à Koutaïssi, la principale ville de la région occidentale d’Imereti.

Si cette loi est adoptée, elle exigera que toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger s’enregistre en tant qu' »organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » (ce qui, dans les faits, est une réalité, absolument partout sur la planète dont, hélas, l’immense majorité des humains ne prennent pas conscience ou sont déjà bien trop endoctrinés par la propagande pour en prendre conscience) Le gouvernement assure pour sa part que cette mesure est destinée à obliger les organisations à faire preuve de davantage de « transparence » sur leurs financements. Une première version du texte avait été abandonné l’année dernière après des manifestations de rue d’ampleur.

Ces troubles surviennent à quelques mois d’élections législatives en octobre, considérées comme un test important pour la démocratie dans cette ex-république soviétique habituée aux crises politiques.

En décembre dernier, l’UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel, mais a déclaré que Tbilissi devrait mener des réformes de ses systèmes judiciaire et électoral, accroître la liberté de la presse et limiter le pouvoir des oligarques avant que les négociations d’adhésion ne soient officiellement lancées.

Kevin Negalo & Christian Estevez

Laisser un commentaire