Des exercices navals conjoints entre les États-Unis d’Amérique et les Philippines ont eu lieu en mer de Chine méridionale, au cours desquels un navire factice a été coulé à l’aide d’artillerie et de missiles de précision. Ces manœuvres annuelles se sont déroulées pour la première fois depuis un certain temps à proximité des îles Spratly, objet de contestation.
Le 6 mai dernier, des troupes états-uniennes et philippines ont lancé des obus et des missiles contre une force d’invasion fictive lors d’exercices en mer de Chine méridionale, dans le Nord des Philippines, où les deux pays ont récemment accusé la Chine de « conduite dangereuse et déstabilisante ». Plus de 16 700 soldats états-uniens et philippins participent à des manœuvres navales, terrestres et aériennes annuelles organisées jusqu’au 10 mai dans une zone où les incidents répétés entre navires chinois et philippins font craindre un conflit plus étendu.
Les soldats états-uniens, positionnés sur les dunes de la côte Nord-Ouest des Philippines, près de la ville de Laoag, à 400 km au Sud de Taïwan, ont tiré plus de 50 obus de 155 millimètres sur des cibles flottantes situées à environ 5 km de la côte. Les troupes philippines ont ensuite riposté avec des tirs de roquettes sur les assaillants fictifs, avant que les deux forces ne terminent l’exercice avec des mitrailleuses, des missiles Javelin et d’autres tirs d’artillerie.
Cet exercice à munitions réelles, appelé « Balikatan » (« Épaule contre épaule » en tagalog, la langue philippine), vise à « se préparer au pire », selon Michael Cederholm, commandant de la première force expéditionnaire des Marines des États-Unis d’Amérique. « Il est conçu pour repousser une invasion », a-t-il ajouté sur le site de l’exercice, débuté le 22 avril dans plusieurs endroits des Philippines. « Notre flanc Nord-Ouest est plus exposé », a précisé le général philippin Marvin Licudine, responsable de l’exercice du côté philippin. « En raison des problèmes régionaux, nous devons nous entraîner dès maintenant sur notre propre sol. » Pékin revendique presque toute la mer de Chine méridionale, une route commerciale vitale.
Malgré un arbitrage international qui lui a donné tort en 2016, la Chine ignore cette décision et maintient des patrouilles de centaines de navires des garde-côtes et de la marine dans la région.
La semaine dernière, Manille a accusé les garde-côtes chinois d’avoir endommagé un bateau des garde-côtes philippins et un autre du bureau des pêches en tirant dessus au canon à eau près du récif de Scarborough, contrôlé par la Chine, mais revendiqué par les Philippines. Ces incidents font craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les États-Unis d’Amérique, allié des Philippines, et d’autres pays de la région, dans une période où la Chine renforce sa pression diplomatique et militaire autour de Taïwan.
La semaine dernière, les ministres de la Défense des Philippines, des États-Unis d’Amérique, du Japon et de l’Australie ont, à l’issue d’une réunion dans l’archipel états-unienne d’Hawaï, publié un communiqué conjoint dénonçant la « conduite dangereuse et déstabilisante » de Pékin en mer de Chine méridionale.
« Les actions de la Chine dans les mers de Chine orientale et méridionale sont légitimes, légales et irréprochables », avait auparavant affirmé, le 12 avril dernier, le ministère chinois des Affaires étrangères.
Des exercices sous forme de dissuasion
La semaine dernière, les forces états-uniennes participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l’île occidentale de Palawan, face aux îles Spratleys également disputées. Selon l’armée états-unienne, il s’agissait d’une répétition du déploiement rapide du système Himars sur les côtes philippines bordées par la mer de Chine méridionale afin de « sécuriser et de protéger le territoire, les eaux territoriales et les intérêts de la zone économique exclusive des Philippines ».
« Les exercices militaires sont une forme de dissuasion », a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Enrique Manalo, dans un discours prononcé en son nom par un assistant lors d’un atelier public le ce 3 mai. « Plus nous simulons, moins nous agissons. »
Le président philippin, Ferdinand Marcos Jr. a, quant à lui, assuré, le 6 mai dernier, que son pays n’entendait pas « faire monter la tension » en mer de Chine méridionale : « Nous ne suivrons pas les garde-côtes chinois et les navires chinois dans cette voie », a-t-il dit. « Nous n’avons pas l’intention d’attaquer qui que ce soit avec des canons à eau ou tout autre équipement offensif », ajoutant que Manille continuera à utiliser exclusivement la voie diplomatique pour régler les différends avec Pékin.
Joseph Kouamé