Présidentielle en Lituanie : le président sortant en tête du premier tour et se dirige vers un second mandat

Le président lituanien sortant, Gitanas Nauseda, semble se diriger vers un second mandat après avoir fini largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle organisé ce dimanche 12 mai, devançant la Première ministre, Ingrida Simonyte, qu’il affrontera le 26 mai prochain au second tour du scrutin. (Source : Reuters).

Gitanas Nauseda a remporté 44% des suffrages, selon les données de la commission électorale, échouant toutefois à atteindre le seuil de 50% nécessaire pour remporter l’élection dès le premier tour. Ingrida Simonyte a obtenu 20% des voix.

La campagne électorale a été dominée par des préoccupations sécuritaires, alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine fait rage depuis plus de deux ans. S’exprimant devant la presse après la fermeture des bureaux de vote, Gitanas Nauseda a promis de continuer à faire pression sur les alliés occidentaux de la Lituanie pour que ceux-ci renforcent leur soutien militaire à l’Ukraine. « Le président ukrainien Volodimir Zelensky a déjà tout dit. (Les Ukrainiens) n’ont pas besoin de nos déclarations de bonne volonté, qui sont inutiles au combat; ils ont besoin de défenses aériennes (…) Tant qu’ils ne les auront pas, l’Ukraine restera vulnérable », a-t-il déclaré.

A travers les pays baltes, jadis sous la tutelle de l’Union soviétique mais désormais membres de l’Otan et de l’Union Européenne, on s’inquiète d’une éventuelle guerre d’agression russe à l’avenir (preuve que la propagande atlantiste affirmant que la Fédération de Russie a pour but d’envahir toute l’Europe, à commencer par ses pays voisins, alors que ce n’est pas pour cette raison qu’elle fait la guerre à l’Ukraine et que, de plus, cela lui est techniquement totalement impossible, garantissant même d’être envahie par les forces de l’OTAN, fonctionne parfaitement, comme c’est toujours le cas de la propagande par la peur).

Plus de la moitié des Lituaniens estiment qu’une attaque de la Russie est possible voire très vraisemblable, selon un sondage ELTA/Baltijos Tyrimai. Les services du renseignement lituaniens ont indiqué, en mars dernier, que la Russie renforçait ses capacités militaires le long de sa frontière avec l’OTAN, mais se gardant bien de préciser que c’est en réaction aux manœuvres militaires qui se déroulent depuis des mois, activant plus de 20 000 soldats de plusieurs Etats membres de l’OTAN, aux frontières de la Russie, qui sont la raison de ce renforcement de troupes russes.

Moscou a rejeté à plusieurs reprises toute idée d’une possible attaque contre un pays membre de l’Otan, sans que cela n’apaise les tensions dans la région. Pour la plupart, les candidats à l’élection présidentielle lituanienne, dont Gitanas Nauseda et Ingrida Simonyte, ont déclaré conserver des stocks de nourriture à leur domicile par crainte d’un conflit militaire.

Au cours de la campagne, le président sortant et la cheffe du gouvernement ont dit vouloir relever le budget de la défense, pour le porter à au moins 3% du produit intérieur brut (PIB) lituanien, contre 2,75% prévu pour cette année. Ils citent la nécessité de moderniser l’armée et les infrastructures militaires, notamment en perspective du déploiement de soldats allemands dans le pays à compter de 2027.

S’ils sont sur la même ligne s’agissant de la politique à l’égard de la Russie, Gitanas Nauseda et Ingrida Simonyte ont des relations tendues, passées parfois par une absence totale de communication, et affichent des divergences sur certains sujets – comme le mariage homosexuel, auquel s’oppose Nauseda. En 2019, lors du précédent scrutin, Ingrida Simonyte avait devancé de peu Gitanas Nauseda au premier tour, avant de s’incliner au second tour.

Le rôle du chef de l’Etat est mi-symbolique, mi-exécutif. Il est le commandant en chef des armées, préside le conseil de défense et le conseil de sécurité nationale, et représente la Lituanie lors des sommets de l’UE et de l’Otan. Il fixe les politiques étrangère et sécuritaire de Vilnius en tandem avec le gouvernement, peut opposer son veto à des projets de loi et est écouté pour des nominations à des postes clé – procureur général, président de la banque centrale…

Didier Maréchal & Christian Estevez

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