Mercredi 15 mai, la Russie a vivement critiqué le projet de résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies visant à établir une Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, largement soutenu par les pays occidentaux. (Source : AFP).
«Ce texte provocateur est une menace à la paix et à la sécurité» en Bosnie et «dans toute la région», a déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, accusant les pays qui le soutiennent de «rouvrir de vieilles blessures de la guerre civile». «Nous jugeons totalement illogique et encore plus immoral que des membres de l’Otan effacent de l’Histoire les preuves de leurs bombardements en ex-Yougoslavie en 1995 et 1999 en faisant porter toute la responsabilité aux Serbes», a-t-il ajouté, accusant les Occidentaux de «Serbophobie».
Le 11 juillet 1995, les forces serbes de Bosnie ont tué, dans les alentours de Srebrenica, ville de Bosnie Orientale, plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans). Un crime qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et la Cour internationale de Justice (CIJ). À l’approche du 30e anniversaire, en 2025, l’Allemagne et le Rwanda ont préparé un texte qui prévoit de proclamer le 11 juillet «Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995».
«Cette résolution est de la plus grande importance pour répandre la vérité et la connaissance sur le génocide commis contre les Bosniens», a insisté, ce mercredi 15 mai, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Denis Becirovic, membre de la présidence collégiale de Bosnie. Le projet, qui sera soumis au vote le 23 mai, a en revanche provoqué une levée de bouclier en Republika Srpska (entité serbe de Bosnie) où des milliers de personnes sont descendues dans la rue. Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a lui déclaré samedi que le génocide de Srebrenica était une «imposture».
Devant le Conseil de sécurité, l’ambassadeur états-unien adjoint, Robert Wood, a répondu, ce mercredi: «Nier le génocide empêche aussi la réconciliation». «Soyons clairs: c’est un fait historique qu’un génocide a été commis à Srebrenica.» Le projet de résolution condamne d’ailleurs «sans réserve toute négation de l’historicité du génocide commis à Srebrenica». «Se rappeler, commémorer et dire la vérité aux futures générations sont des conditions de la coexistence pacifique entre les différents groupes en Bosnie-Herzégovine», a renchéri le Haut représentant international en Bosnie, Christian Schmidt. Il a d’autre part plus largement accusé les Serbes de Bosnie de «paralyser» le fonctionnement de l’Etat fédéral et de violer l’accord de paix de Dayton de 1995, craignant que cela ne mène à «une sécession de facto de la Republika Srpska».
L’accusation faite par la Russie est tout à fait légitime de part son argumentation car, jusqu’à présent, il n’est, entre autres, pas du tout question de prévoir une journée commémorative du nettoyage ethnique perpétué par les croates envers la population serbes de Krajina, en 1995, avec le soutient des Etats-Unis d’Amérique (raison pour laquelle le tribunal pénal international pour la Yougoslavie – dirigé par l’OTAN, dont, en tout premier lieu, les EUA – n’a officiellement reconnu que 324 civils serbes de tués).
Joseph Kouamé & Christian Estevez