Russie : La justice ordonne l’incarcération du Français Laurent Vinatier, soupçonné d’espionnage

Le ressortissant français, interpellé à Moscou alors qu’il était employé par une ONG suisse, est suspecté par les autorités russes de recueillir des renseignements militaires.

La situation se complique considérablement pour le Français Laurent Vinatier, dont l’arrestation à Moscou a été annoncée hier, jeudi 6 juin. Ce vendredi après-midi, un tribunal de Moscou a ordonné sa détention provisoire jusqu’au 5 août.

La Cour a rendu cette décision à la demande des enquêteurs, malgré les « excuses » présentées par l’accusé, qui est accusé d’avoir enfreint la loi sur les « agents de l’étranger ». Il avait admis ne pas s’être enregistré comme tel et affirmé avoir « porté la position de la Russie » dans son travail. Cette affaire survient alors que les tensions entre la Russie, la France et la Suisse s’aggravent en raison de l’offensive russe contre l’Ukraine, un sujet sur lequel Laurent Vinatier travaillait depuis des années.

Le Français est soupçonné d’avoir recueilli illégalement des informations sur les activités militaires de la Russie, mais il est actuellement poursuivi pour avoir enfreint une loi sur les « agents de l’étranger », un délit passible de cinq ans de prison. Cependant, le communiqué du Comité d’enquête, qui mentionne une « collecte ciblée d’informations sur les activités militaires et militaro-techniques de la Russie », suggère des accusations potentiellement plus graves. Selon la même source, de telles informations, « si elles sont obtenues par des sources étrangères, pourraient être utilisées contre la sécurité de l’État » russe.

Selon des sources interrogées par l’AFP, l’intéressé, âgé de 48 ans, travaillait depuis de longues années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avant même l’assaut de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques, en parallèle, des États.

L’employeur de ce Français, l’ONG suisse « Centre pour le dialogue humanitaire » (HD), a demandé, jeudi, sa « libération ». Et le président français Emmanuel Macron a martelé que l’intéressé n’était « en aucun cas (…) quelqu’un qui travaillait, qui travaille pour la France ». « Il recevra toutes les protections consulaires qui conviennent dans un tel cas. Mais je voulais ici rétablir la vérité face aux intoxications qu’on entend », a-t-il dit.

La Russie entretient des relations tendues avec la France et la Suisse en raison de la situation en Ukraine. Le Kremlin estime que la Confédération helvétique ne respecte pas sa neutralité traditionnelle, ayant adopté les sanctions européennes et prévu d’accueillir un « sommet pour la paix » les 15 et 16 juin, à la demande de Kiev, tout en excluant la Russie.

Didier Maréchal

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