La tension s’intensifie entre le Niger et le Bénin.

La tension entre le Niger et le Bénin n’est toujours pas redescendue, au contraire, elle est montée d’un cran suite à l’arrestation de cinq Nigériens jeudi dernier à Sèmè-Kpodji dans le Sud-Est du Bénin.

Plusieurs organisations de la société civile ont tenu une conférence de presse, dimanche 9 juin, à Niamey, pour réclamer la libération des cinq nigériens arrêtés jeudi dernier à Sémè-Kpodiji, dans la région Sud-Est du Bénin. « Nous condamnons avec fermeté l’enlèvement et la séquestration de nos compatriotes nigériens membres de Wapco-Niger, en mission de contrôle des quantités de pétrole brut chargé au port de Sèmè-Kpodji. Nous leur exprimons notre solidarité et exigeons leur libération immédiate et sans condition », tonne Abdoulaye Seydou, membre de la société civile au Niger.

Que s’est-il passé ?

La justice béninoise reproche aux cinq nigériens de s’être introduits frauduleusement sur le terminal du pipeline Bénin-Niger. Selon le procureur spécial auprès de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme du Bénin, Elonm Mario Metonou, ces cinq ressortissants nigériens se sont introduits dans le site sans décliner leur identité. « Pour justifier cette entrée frauduleuse sur le site, les intéressés ont indiqué être tous des employés de Wapco-Niger dont ils arborent les badges », affirme M. Metonou lors de la conférence qu’il a tenue jeudi dernier.

Le procureur béninois de révéler par ailleurs qu’au moins deux des cinq personnes incriminées sont « des agents nigériens au service du Conseil national pour la sauvegarde de patrie (CNSP) » qui se sont confectionnés pour la circonstance, toujours selon le procureur, de faux badges d’employés de Wapco-Niger, tout en précisant que les investigations se poursuivent.

Les autorités nigériennes ne se sont pas fait attendre pour réagir à cette arrestation de violation des accords sur le transport du pétrole brut du Niger qui transite par le Bénin. Selon le ministre nigérien du pétrole, Mahamane Moustapha Barké, le général Tiani, a ordonné l’arrêt de la station de pompage de Koulélé, situé au Nord-Est du Niger « si les membres de l’équipe » ne sont pas libérés.

Quelles solutions de sortie de crise ?

La levée des sanctions par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à la suite du coup d’Etat, contre le Niger en février dernier, n’a pas refroidi la tension entre ce pays et son voisin immédiat qu’est le Bénin. Le refus du Niger d’ouvrir sa frontière avec son voisin envenime la situation.

Dans ce bras de fer, ce sont les populations des deux pays qui sont victimes des dégâts collatéraux, puisqu’ayant des difficultés à écouler les marchandises de part et d’autre, avec, en toile de fond, l’inflation au Niger. Le bord du fleuve, au niveau des frontières, à Malanville, est devenu un lieu où se font les échanges, étant donné que ces populations utilisent le fleuve pour acheminer ces marchandises dans de grosses barques, avec de gros risques qu’elles courent. C’est dans cette situation tendue que les autorités béninoises ont décidé, en début du mois de mai dernier, d’interdire l’embarquement du pétrole nigérien via la plateforme de Sèmè-Podji au Bénin – ce qui a fait monter la tension entre les deux pays.


Cependant, le Bénin a délivré il y a quelques jours, une « autorisation ponctuelle et provisoire » pour le chargement du pétrole nigérien bloqué depuis plusieurs jours à Sèmè-Podji dans le Sud-Est du Bénin. C’est ainsi que le ministre béninois des Mines, Samou Séidou Adambi a qualifié cette décision, lors d’une conférence de presse le 15 mai.

Une sortie de crise est-elle en vue ? Rien n’est moins sûr. Les autorités béninoises n’entendent pas permettre l’acheminement du pétrole nigérien de manière informelle vers le marché international.

Joseph Kouamé

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