Le parlement sierra-léonais a adopté, cette semaine, un projet de loi interdisant le mariage des enfants, un vote qualifié d’« historique » par l’ONG « Save the Children » dans un pays où des centaines de milliers de filles se marient avant l’âge de 18 ans. (Source : AFP).
« La Sierra Leone a adopté un projet de loi historique » interdisant le mariage des enfants « après une campagne visant à criminaliser cette pratique répandue », s’est réjouie l’ONG « Save the Children » dans un communiqué publié ce vendredi 21 juin, au lendemain de l’adoption. Le ministre de l’Information, Chernor Bah, a parlé sur les réseaux sociaux d’une « immense avancée ».
Le texte devrait être promulgué dans les prochaines semaines par le président Julius Maada Bio avant d’entrer en vigueur, selon une source à la présidence jointe par l’AFP.
La loi criminalisera le mariage des filles de moins de 18 ans et exposera les contrevenants à au moins 15 ans de prison et une amende d’au moins 50 000 leones (environ 2390 euros). Elle interdit le concubinage avec un mineur et prévoit des compensations pour les victimes de mariage précoce et les jeunes femmes tombées enceintes dans le cadre d’une telle union.
Les victimes de mariages précoces « subissent des dommages à vie sur leur santé physique et mentale ; sont privées d’opportunités d’apprendre, de grandir, de jouer et de se développer ; et exclues des futures opportunités éducatives et économiques », souligne Patrick Analo, directeur pour « Save the Children » en Sierra Leone, dans le communiqué de l’ONG.
En Sierra Leone, 800 000 épouses avaient moins de 18 ans en 2017, et parmi elles 400 000 moins de 15 ans, selon des données de l’UNICEF. La population actuelle du pays est de près de 9 millions.
« Ce projet de loi n’est pour aucun parti politique, mais pour la Sierra Leone », a plaidé Mariama Munia Zombo, l’une des députées qui en est à l’origine, lors du débat parlementaire.
La fréquence des mariages précoces est en légère baisse depuis plusieurs décennies en Sierra Leone. Selon l’UNICEF, 30 % des filles étaient mariées avant leur 18e anniversaire en 2017, contre 37 % 25 ans plus tôt.
Joseph Kouamé