Le gouvernement somalien cherche à ralentir le retrait des casques bleus africains et met en garde contre un éventuel vide sécuritaire, selon des documents consultés par l’agence de presse britannique « Reuters ». Les pays voisins craignent que les militants ressurgissant d’Al Shabaab ne prennent le pouvoir.
La Mission de transition de « l’Union Africaine en Somalie » (ATMIS), une force de maintien de la paix, s’est engagée à se retirer d’ici le 31 décembre 2024, date à laquelle une nouvelle force plus réduite devrait la remplacer.
Cependant, dans une lettre adressée le mois dernier au président par intérim du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, le gouvernement a demandé de retarder jusqu’en septembre prochain le retrait de la moitié des 4 000 soldats devant partir d’ici la fin juin. Cette lettre n’avait pas été rapportée auparavant.
En mars dernier, le gouvernement avait déjà recommandé, dans une évaluation conjointe avec l’Union africaine examinée par Reuters, d’ajuster le calendrier global de retrait « en fonction de la préparation effective et des capacités » des forces somaliennes. Cette évaluation conjointe, mandatée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a averti qu’un « retrait précipité du personnel de l’ATMIS contribuerait à créer un vide sécuritaire ». « Mursal Khalif, membre indépendant du comité de la défense au Parlement, s’est dit profondément préoccupé par la direction que prend mon pays », a déclaré Mursal Khalif.
Les principaux bailleurs de fonds de la force de l’UA en Somalie, l’Union Européenne et les États-Unis d’Amérique, ont cherché à réduire l’opération de maintien de la paix en raison de préoccupations concernant le financement à long terme et la durabilité, ont déclaré quatre sources diplomatiques et un haut responsable ougandais.
Les négociations concernant une nouvelle force se sont révélées complexes, l’Union africaine poussant initialement pour un mandat plus robuste que ce que la Somalie voulait, ont indiqué trois des sources diplomatiques. Un différend politique intense pourrait conduire l’Éthiopie à retirer certaines de ses troupes les plus aguerries au combat.
La présidence et le bureau du Premier ministre de la Somalie n’ont pas répondu aux demandes de commentaires. Le conseiller à la sécurité nationale, Hussein Sheikh-Ali, a déclaré que la demande de retarder le retrait ce mois-ci visait à aligner le désengagement sur la planification de la mission post-ATMIS. « Il est exagéré de parler d’une ‘crainte de résurgence d’Al Shabaab' », a-t-il déclaré après la publication de cet article.
Mohamed El-Amine Souef, représentant spécial de l’UA pour la Somalie et chef de l’ATMIS, a déclaré qu’il n’y avait pas de calendrier définitif pour conclure les négociations, mais que toutes les parties s’engageaient à parvenir à un accord contribuant à une paix et à une sécurité durables. « L’Union africaine et le gouvernement somalien ont souligné l’importance d’un désengagement basé sur les conditions pour prévenir tout vide sécuritaire », a-t-il déclaré à Reuters.
Joseph Kouamé