Sénégal : le Parlement, hostile au pouvoir, rejette une révision de la Constitution

Lundi 2 septembre au soir, l’Assemblée Nationale sénégalaise a rejeté une proposition de révision de la Constitution soutenue par les nouvelles autorités, perçue comme un prélude à une possible dissolution du Parlement, opposé au pouvoir en place. (Avec AFP)

Les députés sénégalais ont rejeté, par 83 voix contre 80, la proposition visant à supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales ainsi que le Conseil économique, social et environnemental.

Le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, élu en mars dernier, et son premier ministre, Ousmane Sonko, sont dépourvus de majorité à l’Assemblée Nationale, élue en 2022 et où continue à dominer le camp de l’ancien président Macky Sall.

Dans le système politique sénégalais, MM. Faye et Sonko ont besoin d’une majorité parlementaire pour mettre en œuvre les politiques de rupture qu’ils ont promises au nom d’un panafricanisme de gauche, orienté vers la justice sociale. Le président peut dissoudre l’Assemblée, mais pas avant deux années de législature. Il pourra le faire à partir du 12 septembre, a rapporté la presse en faisant état d’un avis du Conseil constitutionnel consulté par le gouvernement.

L’antagonisme a entravé l’action de l’exécutif. Le premier ministre n’a pas, à ce jour, prononcé de discours de politique générale devant l’Assemblée. La présentation par le gouvernement d’un projet de révision de la Constitution apparemment voué à l’échec a largement été considérée comme le prélude à une dissolution de l’Assemblée Nationale.

La révision proposée visait à abolir le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental. MM. Faye et Sonko avaient promis la suppression de ces deux institutions. Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a justifié cette mesure devant les députés en invoquant la nécessité de mieux gérer les fonds publics. La coalition de l’ancien président a accusé le gouvernement d’utiliser cette révision comme prétexte pour organiser des législatives anticipées et éviter à son Premier ministre une déclaration de politique générale. Abdou Mbow, membre de cette coalition, a annoncé le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement.

Joseph Kouamé

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