Peter Chérif, l’un des principaux organisateurs des attentats contre le journal « Charlie Hebdo », a été condamné, hier, par la cour d’assises spéciale de Paris à la réclusion à perpétuité. L’avocat de « Charlie Hebdo », Richard Malka, a déclaré que cette sentence reflétait pleinement l’ampleur de son engagement djihadiste.
Peter Cherif, âgé de 42 ans et arrêté fin 2018, a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs à caractère terroriste ainsi que de séquestration en bande organisée. Il était jugé pour ses sept années d’engagement au sein d’Al-Qaida au Yémen. La Cour a souligné son «rôle» aux côtés de l’un des assaillants du journal « Charlie Hebdo » et sa participation à la détention de trois otages humanitaires français.
Peter Cherif a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans. La peine maximale demandée par le parquet antiterroriste a été prononcée par la cour d’assises spéciale de Paris. Ce vétéran du djihad, jugé depuis le 16 septembre dernier, a été reconnu coupable « d’association de malfaiteurs terroriste » et de «séquestration en bande organisée ».
Peter Cherif était jugé pour son engagement de sept ans (2011-2018) au sein d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa). L’accusation lui reprochait d’avoir « facilité l’intégration » de l’un des frères Kouachi, les auteurs de l’attentat contre « Charlie Hebdo, » au sein du groupe djihadiste. Il était également poursuivi pour la séquestration en bande organisée, en 2011, de trois humanitaires français retenus pendant plus de cinq mois.
Au cours du procès, Cherif a reconnu avoir été l’un des geôliers des otages, mais a nié toute implication dans l’attentat du 7 janvier 2015 contre le journal satirique, revendiqué par Aqpa. Cependant, les procureurs antiterroristes estiment qu’il a « joué un rôle » lors du séjour au Yémen en 2011 de Chérif Kouachi, un ami d’enfance, moment où l’organisation terroriste lui aurait confié « la mission » de commettre l’attaque.
Dans leur réquisitoire, mercredi, les procureurs ont dressé le portrait d’un « djihadiste intégral », rappelant son parcours. Originaire du Nord-Est parisien, où il a grandi aux côtés des frères Kouachi, Peter Cherif s’est converti à l’islam en 2003 et s’est rapidement radicalisé. En 2004, il a rejoint l’Irak via la filière des « Buttes Chaumont », utilisée pour envoyer des combattants dans les zones de djihad. Capturé par les états-uniens et condamné en Irak, il s’est ensuite évadé et s’est réfugié en Syrie, avant d’être expulsé vers la France en 2008. Jugé et inculpé en France au début de 2011, il s’est enfui au Yémen avant sa condamnation à cinq ans de prison.
En 2011, « c’était le seul Français membre d’Aqpa », qui n’a intégré que «très peu d’étrangers», a souligné le ministère public dans son réquisitoire, mercredi. Il y a eu de nombreux rôles : « artificier, recruteur de candidats au djihad, propagandiste, cadre… », a-t-il égrené, estimant qu’il est l’un des « architectes » de l’attentat contre « Charlie-Hebdo ».
La cour a « retenu » que Peter Cherif « avait facilité l’entrée de Cherif Kouachi dans les rangs de l’Aqpa », qu’il « était nécessairement au courant de la mission qui lui avait été confié ».
Didier Maréchal