Les relations, historiquement tendues et concurrentielles entre l‘Inde et la Chine, ont enregistré une avancée cette semaine après un accord sur les patrouilles le long de leur frontière himalayenne commune.
Lors du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, le président chinois, Xi Jinping, a déclaré, ce mercredi 23 octobre 2024, au Premier ministre indien, Narendra Modi, lors de leur première rencontre bilatérale en cinq ans, que les deux pays devaient “renforcer” leur “coopération”, selon un média d’État. Est-ce un signe de rapprochement entre la Chine et l’Inde, les deux nations les plus peuplées du monde, après un accord atteint deux jours plus tôt sur un différend frontalier ?
Les deux pays ont atteint un accord lundi concernant un point spécifique de leur frontière disputée dans l’Himalaya, bien que cet accord ne concerne qu’une petite partie d’un contentieux beaucoup plus vaste. Depuis 1962, ils se disputent 4 000 kilomètres de frontières sur le toit du monde, un différend qui a souvent ressurgi dans leur relation, comme en juin 2020, lorsque une vingtaine de soldats indiens et chinois ont été tués lors d’une confrontation entre patrouilles. Les relations entre les deux pays étaient à un niveau très bas, qualifiées le mois dernier par le ministre des Affaires étrangères indien de “pas terribles”, soulignant que l’Inde avait un “problème chinois”. L’accord annoncé concerne la répartition des patrouilles le long de la “ligne de contrôle”, une zone tampon où les deux pays ne peuvent pas entrer avec des armes. Bien qu’il ne résolve pas le différend frontalier, il représente un retour à la situation de conflit figé d’avant 2020.
Bien qu’il ne résolve pas l’ensemble des problèmes, cet accord pourrait contribuer à réduire les tensions militaires et verbales dans la région. Depuis 2020, les deux pays ont intensifié le déploiement de leurs troupes dans l’Himalaya. L’Inde reproche également à la Chine de construire des villages près de la ligne, ce qui est perçu comme une provocation. Cet accord montre que les deux nations sont encore en mesure de dialoguer.
De plus, son annonce juste avant le sommet des BRICS n’est pas un hasard. L’Inde et la Chine défendent des visions divergentes au sein de ce groupe de pays du Sud, et les rencontres entre Xi Jinping et Narendra Modi sont toujours suivies de près. Avec cet accord, les deux géants souhaitent projeter une image de détente plutôt que de surjouer une rivalité insurmontable.
Cela constitue, d’une certaine manière, une petite victoire pour Vladimir Putin, qui rêve d’une triple alliance Russie-Inde-Chine, actuellement entravée par les tensions entre ces deux puissances asiatiques. Bien que la réconciliation soit encore lointaine et que l’Inde continue de renforcer ses relations avec le bloc occidental, elle s’engage dans une diplomatie qu’elle appelle le “multi-alignement”.
Joseph Kouamé