Le premier tour de l’élection présidentielle roumaine s’est conclu sur une percée du candidat prorusse George Simion, marquant un tournant inattendu dans la vie politique du pays.

Lors du scrutin de ce 24 novembre 2024, George Simion, dirigeant de « l’Alliance pour l’unité des Roumains » (AUR), a émergé en tête des suffrages. Connu pour ses positions conservatrices, nationalistes, et son opposition à l’OTAN et à l’Union Européenne, Simion a recueilli environ 33 % des voix. Ce résultat reflète un climat de méfiance croissante envers les élites pro-européennes dans un contexte de crise économique et d’instabilité régionale, exacerbées par la guerre en Ukraine.

Mircea Geoană, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN et perçu comme un candidat pro-occidental modéré, arrive en deuxième position avec près de 25 % des suffrages. Il s’impose néanmoins comme un adversaire crédible pour le second tour grâce à un soutien consolidé des électeurs urbains et des modérés.

Derrière ces deux figures, le Premier ministre Marcel Ciolacu obtient environ 20 % des voix. Malgré sa notoriété, il semble avoir pâti des critiques liées à sa gestion économique et à la corruption, un fléau récurrent en Roumanie.

Le vote marque une polarisation profonde dans la société roumaine, entre une frange nationaliste et conservatrice, séduite par la rhétorique de George Simion, et une autre qui reste attachée aux « valeurs européennes ». Si Simion incarne un changement radical, sa victoire pourrait isoler la Roumanie sur la scène internationale et fragiliser sa position dans les institutions européennes et l’OTAN. Pour le second tour prévu début décembre, les analystes s’attendent à une alliance des partis pro-européens derrière Geoană pour contrer la montée en puissance de Simion.

Ce premier tour souligne la montée des populismes dans la région, amplifiée par les préoccupations économiques et les tensions géopolitiques à la frontière Est de l’Europe.

Clara Höser