Boualem Sansal placé sous mandat de dépôt en Algérie : entre indignation et inquiétude

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, connu pour ses critiques envers le régime algérien, a été arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger. Entendu par le parquet antiterroriste, il est placé sous mandat de dépôt en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne les atteintes à la sûreté de l’État. Cette décision provoque de vives réactions en France et dans les cercles littéraires internationaux, où l’on dénonce une atteinte grave à la liberté d’expression.

Une arrestation controversée


Boualem Sansal, âgé de 75 ans, a été appréhendé à son arrivée en Algérie. Selon son avocat François Zimeray, il est accusé de violer l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui réprime tout acte ou déclaration menaçant la sûreté de l’État. L’agence de presse algérienne APS a confirmé l’arrestation, accusant l’écrivain de « délire révisionniste » après des propos tenus en octobre dernier. Lors d’un entretien avec un média français, Sansal avait évoqué l’appartenance historique de certaines régions de l’Ouest algérien, telles qu’Oran, au Maroc. Ces déclarations, perçues comme une remise en cause de l’intégrité territoriale de l’Algérie, ont suscité la colère à Alger.

Une figure littéraire et engagée


Boualem Sansal est une figure emblématique de la littérature francophone. Récompensé par le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française en 2013 et le Grand Prix du roman en 2015, il s’est souvent opposé à l’islamisme et aux régimes autoritaires. Auteur de romans phares comme « 2084 : La fin du monde« , il a régulièrement dénoncé la corruption et les dérives du pouvoir algérien. Son arrestation soulève donc, à juste titre, des interrogations sur la liberté d’expression en Algérie.

Réactions en France et dans le monde entier


En France, les autorités ont rapidement réagi à cette arrestation. Jean-Noël Barrot, ministre chargé des Français de l’étranger, a condamné une détention qu’il juge « sans fondement ». « Rien dans les activités de Boualem Sansal ne permet d’accréditer les accusations portées contre lui », a-t-il déclaré, qualifiant la situation d’« inacceptable ». Le ministre a également assuré que les services de l’État suivaient l’affaire de près et travaillaient à garantir la protection consulaire de l’écrivain.

L’avocat de Sansal a dénoncé une atteinte grave à la liberté individuelle, estimant que « la privation de liberté d’un écrivain de 80 ans à raison de ses écrits est disproportionnée ». Selon lui, cette affaire dépasse le cas de Sansal, posant la question de la répression des intellectuels en Algérie.

Une mobilisation en cours


Les organisations de défense des droits Humains, des intellectuels et des artistes dénoncent unanimement cette arrestation. Elles appellent à la libération immédiate de Boualem Sansal, plaidant pour le respect de la liberté d’expression, essentielle en démocratie. La France, de son côté, poursuit des démarches diplomatiques pour résoudre cette situation, tout en appelant à la discrétion.

Le cas de Boualem Sansal illustre une fois de plus les défis auxquels font face les écrivains critiques dans des contextes autoritaires. Cette affaire pourrait marquer un tournant dans les relations franco-algériennes et la perception internationale du régime d’Alger.

Clara Höser

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