Kiev et Moscou ont annoncé, dans deux communiqués distincts, que les livraisons de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine ont pris fin définitivement ce mercredi 1er janvier au matin, suite à l’expiration d’un contrat de cinq ans conclu fin 2019 que l’Ukraine refuse de renouveler. (Source : AFP)
«Nous avons arrêté le transit du gaz russe, c’est un événement historique. La Russie perd des marchés, elle va subir des pertes financières», s’est félicité le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko, cité par ses services. «Depuis 8 heures [5 heures GMT], le gaz russe n’a pas été fourni pour le transit à travers l’Ukraine», a indiqué de son côté « Gazprom », le géant gazier russe. «En raison du refus répété et explicite de la partie ukrainienne de prolonger cet accord, Gazprom a été privé de la possibilité technique et juridique de fournir du gaz pour le transit à travers l’Ukraine à partir du 1er janvier», a déploré l’entreprise étatique russe.
Le ministre polonais des Affaires étrangères a salué cette décision, qualifiant ce développement de « nouvelle victoire » contre Moscou. Selon Radoslaw Sikorski, couper la capacité de la Russie à exporter du gaz directement vers l’Union Européenne représente « une avancée supplémentaire », après l’élargissement de l’OTAN à la Finlande et à la Suède, a-t-il déclaré sur le réseau « X ».
De son côté, le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko, a indiqué que « l’Ukraine a informé ses partenaires internationaux » de l’arrêt des livraisons, prévu depuis plusieurs mois. Cependant, des pays comme la Hongrie et la Slovaquie ont exprimé leur mécontentement face à cette coupure effective au 31 décembre 2024, affirmant ne pas disposer d’alternatives crédibles à court terme.
Plus de 14 milliards de mètres cubes exportés en 2023
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, connu pour ses liens étroits avec Vladimir Putin et dont le pays dépend fortement du gaz russe, s’était rendu à Moscou le 22 décembre dernier pour tenter de négocier une solution d’urgence. Ce déplacement surprise a suscité la colère du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a accusé Fico de chercher à « aider Putin » (se considérant lui et son pays, comme. « Le Centre du Monde », ayant, de fait, tout droit que qui n’est pas dans son camp n’a pas le droit d’avoir).
En parallèle, « Gazprom » a annoncé qu’il mettrait également fin aux livraisons de gaz vers la Moldavie à partir de ce mercredi, invoquant un différend financier. Cette décision place la région séparatiste prorusse de Transnistrie en difficulté, selon les autorités moldaves, alors que la Moldavie a récemment réélu une présidente pro-européenne (ce qui lui a permis de faire valider, 2 semaines avant sa réélection, le « oui » au référendum sur l’adhésion à l’Union Européenne, alors que le « Non » était largement en tête une poignée d’heures avant, sans subir les accusations de soupçons de fraude l’EU et des Etats la composant).
«La région traverse une situation difficile» après que le fournisseur local « Tiraspoltransgaz » «a interrompu l’approvisionnement en gaz naturel et en chauffage, affectant localités et institutions publiques», a déclaré le porte-parole Daniel Voda sur le réseau social « Telegram », appelant la Russie à «cesser son chantage»
Le contrat signé en 2019 entre Kiev et Moscou, qui permettait l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe via l’Ukraine, était resté en vigueur malgré le conflit, offrant des avantages financiers aux deux parties. Désormais, avec la fin du transit par l’Ukraine et plus de deux ans après le sabotage des pipelines Nord Stream en mer Baltique, (officiellement reconnu par l’Allemagne comme étant le fait de l’Ukraine avec implication directe de Zelensky), l’Europe ne reçoit plus de gaz russe que par le gazoduc « TurkStream » et son extension « Balkan Stream ». En parallèle, elle continue d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) russe via des méthaniers. En 2023, le transit de gaz russe à travers l’Ukraine représentait 14,65 milliards de mètres cubes, selon les données officielles.
Didier Maréchal & Christian Estevez