Le ministère de l’Éducation du gouvernement de transition syrien est au cœur d’une polémique après l’annonce de modifications majeures dans les manuels scolaires. Face aux réactions vives, le ministre Nazir Al-Qadri a tenté de calmer les esprits en déclarant, ce jeudi 2 janvier, que les programmes actuels resteront inchangés jusqu’à l’intervention de comités spécialisés.
Des annonces controversées
La polémique a éclaté le 1er janvier après une publication sur Facebook du ministère de l’Éducation, révélant des modifications dans les manuels scolaires allant de la première année du primaire à la troisième année du secondaire. Parmi les changements notables :
• L’interprétation d’un verset coranique désignant les juifs et les chrétiens comme « ceux qui ont provoqué la colère de Dieu » et « les égarés ».
• Le remplacement de la phrase nationaliste «sacrifier sa vie pour défendre sa patrie » par « sacrifier sa vie pour la cause de Dieu ».
• La suppression de poèmes évoquant les femmes et l’amour.
• Des révisions radicales dans les programmes d’histoire, de philosophie et d’éducation religieuse.
• La disparition de la théorie de l’évolution des manuels scientifiques.
Ces annonces, justifiées initialement par la volonté d’effacer la propagande du régime de Bachar al-Assad, ont suscité une avalanche de critiques, notamment sur les réseaux sociaux où plus de 14 000 commentaires dénonçaient ces modifications.
Des critiques sur une « idéologie extrémiste »
Les changements ont été perçus par de nombreux militants et observateurs comme une tentative d’instiller des idéologies extrémistes dans le système éducatif. Shiyar Khaleal, journaliste kurde yézidi, a mis en garde contre les conséquences à long terme : « L’éducation fondée sur des idéologies extrémistes peut façonner des individus dont les idées menacent la sécurité régionale et internationale. »
« CNN Arabic » souligne également que la suppression de la théorie de l’évolution est perçue comme un grave recul intellectuel.
Un recul face à la polémique
Face à l’ampleur des critiques, le gouvernement de transition a adopté un ton plus conciliant. Nazir Al-Qadri a affirmé que l’objectif principal était de retirer les éléments glorifiant le régime d’Assad et d’introduire des images du drapeau de la Révolution syrienne. Il a également réitéré que l’enseignement des religions chrétienne et musulmane serait maintenu et que les écoles primaires resteraient mixtes.
Cette controverse intervient dans un contexte délicat pour le gouvernement de transition, surveillé de près par la communauté internationale, notamment en matière de respect des minorités et des droits de l’Homme.
Un enjeu éducatif et politique
Les modifications des programmes scolaires mettent en lumière les tensions entre la nécessité de réformer l’éducation syrienne et les risques d’une politisation excessive des contenus. Alors que le gouvernement de transition cherche à affirmer son autorité face au régime d’Assad, la communauté internationale s’inquiète de l’influence croissante de groupes comme Hayat Tahrir al-Sham sur des décisions aussi cruciales que l’éducation.
Didier Maréchal