Le président irlandais Michael D. Higgins, qui devait prononcer un discours lors de la commémoration du 80ᵉ anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz le 27 janvier prochain à Dublin, a été déclaré indésirable par une partie de la communauté juive irlandaise. Cet événement, habituellement marqué par la présence de personnalités politiques, suscite cette année une controverse liée aux positions du président sur le conflit israélo-palestinien.

Depuis le début de la guerre à Gaza, l’Irlande reste fidèle à sa tradition de soutien au peuple palestinien, une posture qui a valu à son gouvernement des critiques pour ses prises de position envers Israël. Cette sensibilité a pris une nouvelle ampleur l’an dernier, lorsque Michael D. Higgins, lors de son discours pour la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, avait évoqué le «traumatisme des événements récents » au Moyen-Orient et déploré «les nombreuses vies perdues ».

Une rupture de confiance

Ces propos ont été mal accueillis par la communauté juive irlandaise. Oliver Sears, fondateur de l’organisation « Holocaust Awareness Ireland », a expliqué sur la chaîne Newstalk : « Le président a politisé un événement qui mérite le plus grand respect. Il a perdu notre confiance. Nous n’avons pas l’impression qu’il soit empathique. La commémoration de l’Holocauste est comme un enterrement pour nous, un moment de recueillement, et ce n’est pas l’occasion de parler de Gaza. »

Le grand rabbin d’Irlande a également exprimé des réserves, reprochant à Michael D. Higgins de ne pas reconnaître suffisamment la montée de l’antisémitisme dans le pays, un sujet qui préoccupe de plus en plus la communauté juive locale.

Un événement sans politiciens

En réponse aux tensions, le mémorial d’Auschwitz, qui supervise les cérémonies internationales de commémoration, a annoncé qu’aucun politicien ne s’exprimera cette année. L’accent sera mis sur les témoignages des survivants et sur les familles des victimes, afin de recentrer l’événement sur la mémoire des atrocités de l’Holocauste.

Cette décision reflète un désir de préserver le caractère solennel de la commémoration, alors que les débats autour de la guerre à Gaza continuent de diviser les opinions publiques et d’alimenter les tensions entre les communautés en Irlande et ailleurs.

Un contexte historique sensible

L’Irlande, connue pour son soutien historique à la cause palestinienne, s’est souvent retrouvée en désaccord avec Israël sur des questions de droits humains et de politique internationale. Cependant, les critiques à l’encontre de Michael D. Higgins montrent que cette position, bien que largement soutenue dans le pays, peut entrer en conflit avec des moments de mémoire universelle, comme la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste.

Cette controverse souligne la nécessité d’équilibrer les responsabilités politiques et diplomatiques tout en respectant la douleur et les attentes des différentes communautés.

Didier Maréchal