Depuis le 28 janvier, le missionnaire du PIME mène une grève de la faim de 24 heures devant le siège du gouvernement hongkongais pour dénoncer l’emprisonnement de plus d’un millier de jeunes militants pro-démocratie. Il appelle à une amnistie pour restaurer la crédibilité de la ville. Son action rend aussi hommage à Siu Ka Chun, ancien leader du mouvement des parapluies, récemment décédé.
Un acte de protestation contre le silence et l’oubli
Depuis le 28 janvier au soir, le père Franco Mella, missionnaire du PIME et figure engagée des luttes sociales à Hong Kong, mène une grève de la faim devant le siège du gouvernement. Par cette action de 24 heures, il tend à rappeler le sort de plus d’un millier de prisonniers politiques encore détenus à la suite des manifestations pro-démocratie, en particulier les plus jeunes, souvent oubliés par tous, sauf par leurs familles.
À l’approche du Nouvel An chinois, Fr. Mella veut briser ce silence : « Tant de frères et sœurs ont œuvré pour les plus démunis. Une amnistie pourrait restaurer la crédibilité de Hong Kong et contribuer bien plus à son redressement économique que des opérations de communication comme l’arrivée de pandas pour attirer les touristes. »
Un geste symbolique
Pour cette mobilisation qu’il mène deux fois par an, Fr. Mella n’était pas seul cette fois-ci : deux amis hongkongais ont choisi de le rejoindre. Un article leur a même été consacré dans le journal local Mingpao ce matin. « C’est un geste symbolique », explique le missionnaire. « Nous devons au moins dire publiquement que nous espérons que ces personnes pourront bientôt retrouver leurs familles. »
Ces derniers mois, plusieurs affaires judiciaires ont marqué l’actualité : les organisateurs des élections primaires risquent jusqu’à dix ans de prison, le procès de Jimmy Lai est en cours et celui de Lee Cheuk-yan, ainsi que d’autres militants de la commémoration du 4 juin (anniversaire du massacre de Tiananmen), débutera bientôt. Hormis ces figures emblématiques, des centaines d’autres jeunes sont emprisonnés, et des milliers risquent encore d’être poursuivis.
Une action guidée par l’Évangile
L’initiative de Fr. Mella est guidée par la foi et la justice. Il cite l’Évangile entendu lors de la messe du 27 janvier : « L’Esprit du Seigneur m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux prisonniers la libération, donner la vue aux aveugles, rendre la liberté aux opprimés… »
Hommage à Siu Ka Chun, défenseur des prisonniers
Cette grève de la faim est aussi un hommage à Siu Ka Chun, militant chrétien baptiste décédé récemment d’un cancer à l’âge de 55 ans. « Condamné à huit mois de prison pour son rôle dans le mouvement des parapluies de 2014, il purgeait encore sa peine lors des manifestations de 2019 », se souvient Fr. Mella.
À sa sortie de prison, affaibli mais déterminé, il avait créé une entreprise permettant aux détenus d’acheter à prix réduit les produits essentiels en prison. Ce projet a dû fermer en 2021, jugé trop risqué par les autorités. Pourtant, jusqu’à son dernier souffle, Siu Ka Chun a continué de se battre pour les droits des prisonniers. Son engagement demeure une source d’inspiration pour Fr. Mella et tous ceux qui sont marqués par ces détenus politiques.
Clara Höser