Emmanuel Macron a convié le roi du Maroc, Mohammed VI, à assister au Salon international de l’agriculture, qui se tiendra à Paris du 22 février au 2 mars prochains. Une invitation symbolique alors que le Maroc est mis à l’honneur cette année. Mais ce rapprochement intervient dans un contexte tendu : les syndicats agricoles français dénoncent la « concurrence déloyale » des tomates marocaines, un enjeu au cœur des relations commerciales entre les deux pays.
Mohammed VI répondra-t-il à l’invitation d’Emmanuel Macron pour assister au Salon international de l’agriculture ? Le président français a convié le roi du Maroc à cet événement majeur du monde agricole, alors que le Maroc est mis à l’honneur cette année. Si le monarque n’a pas encore confirmé sa venue, ce déplacement marquerait son premier voyage officiel en France depuis 2018.
Cette initiative fait suite à la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Les échanges agricoles entre les deux pays ont connu une forte croissance, notamment avec l’augmentation des exportations françaises de céréales et des fruits et légumes marocains.
Cependant, la question du libre-échange agricole reste un point de friction. En France, la colère des agriculteurs contre la « concurrence déloyale » des produits marocains, notamment les tomates cerises exemptées de droits de douane, s’est intensifiée. En 2024, des actions spectaculaires, comme le déversement de tonnes de tomates sur les routes, ont marqué la contestation.
Par ailleurs, le Rassemblement national, devenu première force d’opposition à l’Assemblée nationale, soutient activement les revendications des agriculteurs et réclame une révision de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc. La députée RN Hélène Laporte, à la tête du groupe d’amitié France-Maroc, a récemment exprimé son souhait d’un « réexamen des exonérations de droits de douane sur les importations de tomates ».
Face à ces tensions, Rabat défend sa position et rejette toute responsabilité dans les difficultés du secteur agricole français. Les autorités marocaines rappellent que les producteurs respectent les normes européennes et qu’une éventuelle renégociation de l’accord affecterait aussi les exportations françaises, notamment celles des céréales.
Pour tenter d’apaiser les tensions, les ministres de l’Agriculture des deux pays ont relancé le comité franco-marocain de la tomate, en veille depuis 2020. La question sera aussi discutée lors des prochaines rencontres bilatérales, incluant une réunion de haut niveau prévue au Maroc avant l’été.
Clara Höser