Figure incontournable de la politique tibétaine, Gyalo Thondup a consacré sa vie à la cause de l’autonomie du peuple tibétain et à tenter de permettre le retour de son frère, le Dalaï-Lama, en exil.
Gyalo Thondup, le frère aîné du Dalaï-Lama et acteur politique influent au Tibet et dans la région, est décédé dimanche 8 février, à l’âge de 97 ans. Son décès a été confirmé, depuis, par le bureau du Dalaï-Lama dans un communiqué. Selon les médias tibétains, il s’est éteint à West Bengal, en Inde.
« Il était un homme bon qui a fait de son mieux pour la cause tibétaine », a déclaré le Dalaï-Lama. Se référant à la croyance bouddhiste en la réincarnation, il a ajouté : « Je prie pour qu’il renaisse en tant que Tibétain et qu’il puisse de nouveau servir l’administration tibétaine, qui allie spiritualité et politique. »
En tant que politicien, Gyalo Thondup était considéré comme le second homme le plus influent du Tibet, juste après son frère, Tenzin Gyatso, le 14ᵉ Dalaï-Lama, chef spirituel du bouddhisme tibétain, exilé depuis 1959.
Les deux frères ont marqué une époque politique au Tibet, un territoire sous pression chinoise constante. Tandis que le Dalaï-Lama était la figure publique de cette lutte, Gyalo Thondup opérait dans l’ombre, privilégiant la discrétion.
Pendant des décennies, il a multiplié les initiatives pour permettre à son frère de retourner au Tibet. Diplômé à l’étranger et seul de sa fratrie à ne pas être destiné à une vie monastique, il s’est consacré à la cause tibétaine, parfois de manière plus offensive que son cadet.
Installé en Inde dès 1952, il a joué un rôle clé dans l’exfiltration de son frère vers ce pays après la révolte tibétaine manquée de 1959 contre le régime chinois, qu’il considérait comme l’un de ses plus grands accomplissements. Il a ensuite établi des contacts entre le Tibet, l’Inde et les autorités américaines dans les années 1950 et 1960, plaidant pour leur soutien. Il a également collaboré avec la CIA dans une tentative avortée d’armer des résistants tibétains contre la Chine communiste.
Malgré l’échec des pourparlers avec la Chine au fil des années, il a toujours encouragé les Tibétains à ne pas perdre espoir. « Il est essentiel que notre peuple continue de réclamer ses droits à la Chine », déclarait-il lors d’une conférence de presse en 2008. En 2015, il publiait son autobiographie, The Noodlemaker of Kalimpong, retraçant son engagement et la lutte tibétaine contre l’influence chinoise.
Dimanche, le Dalaï-Lama a dirigé une cérémonie de prière en hommage à son frère. À l’issue de la récitation des mantras, il s’est levé, a salué une photo de Gyalo Thondup et s’est retiré en silence dans ses appartements.
Clara Höser