Guerre RDC : Combats entre armée et miliciens pro-gouvernementaux à l’approche des rebelles, tension et Rumeur de coup d’état, Tshisekedi demande une aide militaire au Tchad, etc… (Notre point 1/2 du 20 février)

Sujets développés dans ce premier point du 20 février 2025 : Félix Tshisekedi sollicite une aide militaire auprès du Tchad. Félix Tshisekedi sollicite une aide militaire auprès du Tchad. Tensions et rumeurs de coup d’État à Kinshasa. L’armée ougandaise déploie des troupes à Bunia. Extension de la mission conjointe en Ituri. Vers une internationalisation du conflit ?

Félix Tshisekedi sollicite une aide militaire auprès du Tchad.

Alors que la situation sécuritaire se détériore en République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a adressé une demande d’aide militaire « sous toutes formes » à son homologue tchadien, Mahamat Idriss Déby. Cette requête a été transmise le mardi 18 février par Didier Mazenga, envoyé spécial du chef de l’État congolais, lors d’une visite à Ndjamena après le sommet de l’Union africaine.

D’après une source proche du dossier, cette démarche s’explique par l’avancée rapide du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, qui a récemment pris le contrôle des villes stratégiques de Goma et Bukavu, dans l’est du pays. Tshisekedi, qui entretient des relations étroites avec les autorités tchadiennes en raison de son rôle de facilitateur dans la crise politique au Tchad, espère ainsi obtenir un appui militaire pour contrer cette menace.

Mahamat Idriss Déby, qui avait exprimé sa solidarité avec la RDC le 9 février dernier, examine cette demande. Toutefois, le gouvernement tchadien souhaite respecter les cadres légaux nationaux et internationaux et privilégie avant tout la voie diplomatique, conformément aux résolutions du sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Violents combats à Uvira entre l’armée et des miliciens pro-gouvernementaux

Mercredi, des affrontements ont éclaté à Uvira, ville frontalière de l’est de la RDC, entre l’armée congolaise (FARDC) et des miliciens pro-gouvernementaux Wazalendo, alors que les rebelles du M23 s’approchent dangereusement de la région. Des scènes de chaos ont été rapportées par les habitants, avec des pillages et des cadavres jonchant les rues.

La panique s’est installée dès mardi lorsque les forces du M23 ont été signalées à Kamanyola, à environ 80 km au nord d’Uvira. Pris de court, certains soldats congolais ont tenté de fuir par le lac Tanganyika en réquisitionnant des embarcations, tandis que d’autres se sont retrouvés en conflit avec les miliciens Wazalendo, refusant de se replier.

“Les forces sur lesquelles nous comptions pour défendre Uvira, les FARDC et les Wazalendo, se battent entre elles. Il y a des morts et des pillages”, a témoigné un habitant sous couvert d’anonymat.

Selon une source humanitaire, la morgue d’Uvira a reçu une trentaine de corps, tandis que les hôpitaux accueillent au moins une centaine de blessés. Cependant, ces chiffres restent difficiles à vérifier de manière indépendante.

Le chaos à Uvira illustre l’effondrement de l’autorité du gouvernement congolais dans l’est du pays, où les principales villes et zones minières sont passées sous contrôle rebelle.

Tensions et rumeurs de coup d’État à Kinshasa

Face à cette crise sécuritaire sans précédent, des tensions grandissent au sein du gouvernement congolais. À Kinshasa, l’incapacité de l’exécutif à contenir l’avancée du M23 alimente des rumeurs de coup d’État contre Félix Tshisekedi. De nombreux Congolais estiment que le président est dépassé par la situation, alors que les rebelles continuent leur progression.

L’armée ougandaise déploie des troupes à Bunia

Mardi, l’armée ougandaise a annoncé l’envoi de troupes à Bunia, dans le nord-est de la RDC, officiellement pour contrer les massacres de civils par des milices. Ce déploiement intervient alors que le M23 et l’armée rwandaise étendent leur emprise sur la région.

“Oui, nous avons déployé nos troupes à Bunia”, a confirmé Felix Kulayigye, porte-parole de la défense ougandaise. Selon lui, ce déploiement s’inscrit dans l’opération conjointe “Shujaa”, lancée depuis 2021 entre les armées congolaise et ougandaise pour combattre les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise.

Cependant, l’implication de l’Ouganda en RDC suscite des interrogations. Des experts accusent Kampala de soutenir secrètement le M23 en lui offrant des voies d’approvisionnement, une allégation fermement rejetée par les autorités ougandaises.

Des analystes craignent une répétition du scénario de 1998, où l’Ouganda et le Rwanda avaient soutenu des groupes rebelles en RDC, déclenchant la deuxième guerre du Congo, qui fit des millions de morts jusqu’en 2003.

Extension de la mission conjointe en Ituri

Les responsables militaires congolais et ougandais se sont récemment rencontrés dans la ville de Boga pour coordonner leurs actions. L’objectif serait d’élargir l’opération “Shujaa” à d’autres groupes armés sévissant dans la province de l’Ituri, notamment les milices Codeco et Zaïre, responsables d’attaques meurtrières contre les civils.

Des réunions stratégiques ont eu lieu à Bunia ce mardi, tandis qu’une centaine de soldats ougandais y ont été déployés en renfort. L’extension de la mission conjointe pourrait également concerner le territoire de Djugu, où les violences intercommunautaires sont particulièrement meurtrières.

Vers une internationalisation du conflit ?

Avec la progression du M23, l’effondrement des défenses congolaises et l’implication croissante d’acteurs étrangers comme l’Ouganda et potentiellement le Tchad, la guerre en RDC prend une dimension de plus en plus régionale.

Si Kinshasa ne parvient pas à stabiliser la situation, le risque d’un embrasement plus large en Afrique centrale devient de plus en plus tangible.

Joseph Kouamé

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