Israël suspend l’aide humanitaire pour Gaza, le Hamas dénonce une violation de l’accord de trêve

Ce dimanche 2 mars, Israël a interrompu indéfiniment l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza en raison de divergences avec le mouvement terroriste Hamas sur les conditions de prolongation du cessez-le-feu. L’ONU a appelé à annuler cette décision, condamnée par plusieurs capitales arabes. (Source : AFP)

L’impasse actuelle compromet la poursuite de la trêve entrée en vigueur le 19 janvier dernier après 15 mois d’une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par le pogrom menée le 7 octobre 2023 par le mouvement terroriste islamiste Hamas dans le sud d’Israël à partir du territoire palestinien voisin.

A la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, négocié via les médiateurs -Qatar, Egypte, Etats-Unis d’Amérique – le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé le blocage, dès ce dimanche 2 mars, de « toute entrée de marchandises et approvisionnements dans Gaza », en proie à une catastrophe humanitaire.

En cause, selon lui, le rejet par le Hamas d’un compromis états-unien prévoyant une extension de la première phase de la trêve pendant le ramadan et la Pâque juive, soit jusqu’à la mi-avril.

Le plan stipule, selon Israël, que « la moitié des otages (israéliens à Gaza), morts et vivants », seraient rapatriés au premier jour de son entrée en vigueur. Les derniers captifs seraient remis « à la fin, si un accord est trouvé sur un cessez-le-feu permanent ».

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a rejeté cette option, accusant Israël de vouloir « se soustraire » à ses engagements. Il a réaffirmé sa « volonté d’aller au bout des (deux) étapes restantes de l’accord » initial, soit « un cessez-le-feu global et permanent » et le « retrait complet » israélien de Gaza, avant « la reconstruction et levée du siège » du territoire.

Refusant pour l’heure de s’engager dans la deuxième étape, Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé, ce qu’exclut ce mouvement terroriste islamique.

« Vital »

Le Hamas a qualifié de « crime de guerre » le blocage israélien de l’aide au territoire palestinien, où sont assiégés par Israël quelque 2,4 millions de Palestiniens depuis octobre 2023.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à « un retour immédiat de l’aide humanitaire dans Gaza », exhortant « toutes les parties aux efforts nécessaires pour éviter un retour des hostilités à Gaza ». « Le droit international humanitaire est clair: nous devons être autorisés à accéder pour fournir une aide vitale et essentielle », a affirmé le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Thomas Fletcher. « Il est vital de maintenir le cessez-le-feu et l’aide humanitaire » pour Gaza, a exhorté le secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Jagan Chapagain.

Plusieurs pays arabes, dont les médiateurs qatarien et égyptien ainsi que l’Arabie saoudite, ont qualifié la décision israélienne de « violation flagrante de l’accord » de cessez-le-feu, accusant Israël « d’utiliser la faim comme une arme contre le peuple palestinien ». Une réunion ministérielle arabe est prévue ce lundi 3 au Caire, suivie d’un sommet arabe consacré à Gaza.

L’Union Européenne a critiqué aussi bien le refus du Hamas d’accepter une extension de la première phase du cessez-le-feu que le blocage de l’aide par Israël.

A Jérusalem, Shaul, un sexagénaire israélien estime en revanche que la décision de bloquer l’aide aurait dû être prise « il y a longtemps » pour « accélérer la libération de nos otages ». Dans l’attente, « il est hors de question que nous continuions à leur fournir de la nourriture, du carburant, de l’électricité », a-t-il dit à l’AFPTV.

« Trump, le meilleur ami d’Israël »

« Vers 7H30 du matin, l’armée a donné l’ordre » de fermer le point de passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza, a témoigné Abou Youssef Shheiber, un transporteur, qui a dû faire demi-tour.

Négocié pendant des mois, l’accord de trêve comprend trois phases. Durant la première, le Hamas a rendu 33 otages -dont huit morts- à Israël, en échange de la libération d’environ 1.800 détenus palestiniens, tous terroristes.

Sur les 251 otages emmenés à Gaza durant l’attaque du 7-Octobre 2023, 58 y sont toujours retenus, dont 34 déclarés morts par l’armée israélienne.

Le pogrom du 7-Octobre 2023 a fait 1 218 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.

La riposte de l’armée israélienne aurait fait au moins 48 392 morts, essentiellement des civils, d’après les données du » ministère de la Santé » du Hamas – donc nullement fiable, et d’autant moins que ce soi-disant ministère de la santé ne précise jamais que plus de 20 000 des personnes mortes à Gaza sont des terroristes du Hamas, et sans compter les terroristes des autres mouvements ayant participés aux massacres sanguinaires du 7 octobre, comme le FPLP et « Jihad islamique ».

Dans ce contexte de fortes tensions, les Etats-Unis d’Amérique ont annoncé avoir accéléré l’envoi d’une aide militaire d’environ quatre milliards de dollars à Israël, leur allié. M. Netanyahu a remercié le président états-unien, Donald Trump, pour ce feu vert à l’envoi d’armes qui permettront, selon lui, à Israël « de finir le travail contre l’axe iranien du terrorisme » (les différents mouvement terroristes islamiques s’attaquant à Israël étant tous financés, depuis des années, en tout premier lieu par l’Iran – ndlr). M. Trump « est le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche », a-t-il dit.

Didier Maréchal

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