La Corée du Nord dévoile son premier sous-marin à propulsion nucléaire

La Corée du Nord a présenté pour la première fois un sous-marin à propulsion nucléaire en cours de construction, marquant une avancée majeure dans ses capacités militaires maritimes. Le bâtiment, qui semble être un navire de 6 000 à 7 000 tonnes, pourrait transporter environ 10 missiles balistiques, selon des experts.

Un projet stratégique pour Pyongyang

L’agence de presse officielle nord-coréenne a publié, samedi 8 mars, des images du dirigeant Kim Jong Un visitant les principaux chantiers navals du pays. Il y a inspecté ce que le régime qualifie de “sous-marin à missiles guidés stratégiques à propulsion nucléaire”.

Lors de cette visite, Kim Jong Un a affirmé que la capacité de défense maritime de la Corée du Nord serait “pleinement déployée dans toutes les eaux nécessaires sans aucune limitation”. Il a également insisté sur l’importance de faire de la marine nord-coréenne une “force d’élite dotée de l’arme nucléaire” et a promis un renforcement massif de l’industrie navale militaire.

Une menace pour les États-Unis d’Amérique et leurs alliés ou l’inverse?

Selon Moon Keun-sik, expert sud-coréen des sous-marins, le terme “missiles guidés stratégiques” suggère que l’engin pourrait être équipé d’armes nucléaires. Il estime que le sous-marin pourrait être lancé dans un ou deux ans pour tester ses capacités avant d’être pleinement opérationnel.

Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale états-unien, a réagi en déclarant que les États-Unis d’Amérique étaient “au courant de ces allégations” mais n’avaient “pas d’informations supplémentaires à fournir pour le moment”. Washington continue d’affirmer son engagement en faveur de la “dénucléarisation complète de la Corée du Nord”.

Un projet soutenu par la Russie ?

Le développement d’un sous-marin nucléaire représente un défi technologique et financier colossal pour la Corée du Nord, un pays lourdement sanctionné et aux ressources limitées. Certains analystes, dont Moon Keun-sik, suggèrent que Pyongyang pourrait avoir bénéficié d’une assistance de la Russie en échange de fournitures d’armes et de troupes pour la guerre en Ukraine.

Actuellement, la Corée du Nord possède l’une des plus grandes flottes sous-marines au monde, avec 70 à 90 sous-marins à propulsion diesel. Toutefois, la plupart de ces navires sont vieillissants et ne peuvent tirer que des torpilles et des mines, sans capacité de lancement de missiles.

En 2023, le régime avait déjà annoncé le déploiement de son premier “sous-marin nucléaire d’attaque tactique”, mais de nombreux experts avaient mis en doute cette affirmation, estimant qu’il s’agissait plutôt d’un sous-marin diesel modifié.

Une montée des tensions avant des exercices militaires

Cette annonce intervient dans un contexte de tensions croissantes dans la région. La Corée du Nord a récemment intensifié sa rhétorique hostile envers les États-Unis d’Amérique et la Corée du Sud à l’approche de leurs exercices militaires annuels, qui doivent débuter dans quelques jours.

Si ce sous-marin à propulsion nucléaire devient pleinement opérationnel, il représenterait une menace stratégique supplémentaire pour Washington et ses alliés en Asie-Pacifique, renforçant ainsi l’escalade militaire déjà en cours dans la région, d’autant que les EUA eux-mêmes ne cessent, depuis des décennies, de pousser la Corée du Nord à opérer une attaque militaire en territoire hors de ses frontières, afin de pouvoir justifier le lancement d’une guerre, probablement en utilisant la Corée du Sud ou le Japon comme proxy, et ainsi mettre la main sur ce territoire et décider de son avenir politique, comme les Etats-Unis sont habitués de le faire depuis le début du XXe siècle, en prétextant l’instauration de la Démocratie (ce qui ne peut être le cas lorsque l’on s’ingère dans les affaires s’un Etat souverain).

Didier Maréchal & Christian Estevez

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