Guerre en RDC : L’AFC/M23 demande au président congolais d’exprimer publiquement son engagement pour des négociations directes, pourquoi la SADC retire-t-elle ses forces ?, Félix Tshisekedi nomme sa fille « secrétaire particulière » etc… (Notre point du 15 Mars)

La République démocratique du Congo (RDC) est en proie à des tensions militaires et politiques majeures alors que les combats contre le groupe armé M23 s’intensifient. Entre poursuites judiciaires contre des hauts gradés de l’armée, pertes humaines parmi les troupes alliées burundaises, et retrait progressif des forces d’Afrique australe, la situation dans l’est du pays continue de se détériorer.

L’AFC/M23 exige un engagement public du président Tshisekedi pour des négociations directes

Le mouvement rebelle AFC/M23 met la pression sur le président Félix Tshisekedi pour qu’il exprime publiquement son engagement en faveur de négociations directes. Cette demande s’inscrit dans un contexte où le pouvoir de Kinshasa se retrouve de plus en plus isolé face à l’avancée militaire des rebelles et au retrait progressif des troupes étrangères qui le soutenaient.

Dans un communiqué, l’AFC/M23 demande également que la médiation angolaise les informe officiellement de cette démarche, estimant que la seule communication sur ce sujet est pour l’instant limitée à des publications sur les réseaux sociaux.

Pendant ce temps, sur le terrain, les troupes de l’AFC/M23 poursuivent leur progression, renforçant leur position face à un gouvernement congolais en difficulté.

Pourquoi la SADC retire-t-elle ses forces ?

Lors d’un sommet extraordinaire en visioconférence le 13 mars, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a annoncé la fin du mandat de sa mission militaire en RDC et le début du retrait progressif de ses troupes.

Depuis plusieurs semaines, les contingents sud-africains, malawites et tanzaniens étaient cantonnés à l’aéroport de Goma, sous contrôle du M23. Le chercheur Reagan Miviri explique que cette force, quasiment désarmée, n’avait plus les moyens d’être opérationnelle sur le terrain, rendant son retrait inévitable.

Cette décision intervient alors que l’Angola tente de relancer un processus de négociations entre Kinshasa et les rebelles. L’annonce d’un dialogue est surprenante, sachant que Tshisekedi s’est toujours opposé à des pourparlers directs avec le M23. Cependant, la situation militaire, nettement en faveur des rebelles, semble avoir contraint Kinshasa à revoir sa position.

Une crise humanitaire sans précédent dans le Sud-Kivu

Avec l’intensification du conflit, les humanitaires constatent une augmentation de 150 % des violations graves contre les populations déplacées. Depuis début février, près de 370 000 personnes ont fui les violences dans les territoires d’Uvira et de Fizi, s’ajoutant à 20 000 nouveaux déplacés dans le territoire de Walungu.

L’Unicef alerte sur les conditions de vie désastreuses des déplacés : manque d’eau potable, d’abris et de soins médicaux. L’accès humanitaire est fortement entravé, avec des hôpitaux saturés et des pénuries de médicaments. Des épidémies de choléra et de rougeole se propagent rapidement dans les camps de fortune.

Face à cette situation, l’ONU et ses partenaires intensifient leur réponse humanitaire, mais les appels à un cessez-le-feu et à une solution politique se multiplient pour éviter une catastrophe encore plus grande.

Nomination controversée : Félix Tshisekedi désigne sa fille secrétaire particulière

Au milieu de cette crise, la nomination de Christina Tshisekedi, 20 ans, au poste de secrétaire particulière du président congolais suscite des réactions mitigées. Étudiante en communication et relations internationales, elle a accompagné son père dans plusieurs voyages présidentiels.

Cette décision est perçue par certains comme une preuve de népotisme, alors que la RDC traverse une période de grande instabilité. D’autres y voient une simple nomination symbolique, sans impact majeur sur la gouvernance du pays.

Suspension de l’extraction dans la troisième mine d’étain mondiale

Le conflit a également des répercussions économiques majeures. La société Alphamin a suspendu l’exploitation de la mine de Bisie, la troisième plus grande mine d’étain au monde, en raison de l’avancée des troupes du M23.

Cette interruption a provoqué une hausse de près de 10 % du prix de l’étain sur le marché international, soulignant l’impact stratégique de la RDC dans l’approvisionnement mondial en minerais essentiels à l’industrie électronique.

Alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer, l’issue du conflit reste incertaine. Kinshasa, isolée diplomatiquement et militairement affaiblie, doit désormais choisir entre la négociation ou un risque d’effondrement progressif de son contrôle sur l’est du pays.

Joseph Kouamé

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