Le gouvernement britannique, dirigé par les travaillistes (gauche) élus en 2024, a lancé un vaste chantier de réforme de l’État avec pour objectif affiché de relancer la croissance et de reconstruire des services publics fragilisés. Dans ce cadre, une réforme majeure des aides sociales a été annoncée mardi 18 mars par Liz Kendall, ministre des Retraites et du Travail, avec à la clé des coupes budgétaires estimées à six milliards d’euros.
Une réponse à une facture jugée insoutenable
Selon Liz Kendall, environ trois millions de Britanniques sont actuellement en incapacité de travailler, qu’ils soient malades ou handicapés, ce qui représente un coût annuel de 80 milliards d’euros pour les finances publiques. La ministre pointe une forte hausse des demandes d’allocations, notamment chez les jeunes : +150 % depuis la pandémie de Covid-19, et même +190 % pour les troubles liés à la santé mentale. « Ce n’est pas tenable sur le long terme », a-t-elle déclaré, justifiant la nécessité d’agir.
Un mélange de mesures restrictives et d’assouplissements
La réforme introduit certains allègements, comme une réduction des contrôles pour les personnes atteintes de maladies de longue durée et le maintien du niveau actuel de la pension d’invalidité. Toutefois, plusieurs mesures visent clairement à restreindre l’accès aux aides : l’allocation pour adultes handicapés sera plus difficile à obtenir, certaines aides seront réduites pour les nouveaux demandeurs, et l’âge minimum pour y accéder sera relevé, dans le but d’inciter davantage de jeunes à entrer sur le marché du travail.
Une réforme qui divise
Cette annonce suscite de vives critiques, tant dans la société civile qu’au sein même de la majorité travailliste. Des associations redoutent une augmentation de la pauvreté parmi les malades chroniques et les personnes en situation de handicap. Debbie Abrahams, députée travailliste, s’est insurgée contre une politique qu’elle juge contraire aux valeurs du Labour : « Il s’agit de la plus forte coupe dans les aides sociales depuis 2015. Il y a d’autres façons plus humaines d’équilibrer les comptes, sans le faire sur le dos des personnes malades ou handicapées. »
Une stratégie budgétaire ambitieuse
Avec ces réformes, le gouvernement espère économiser sept milliards d’euros par an. En 2023-2024, le Royaume-Uni a dépensé 352 milliards d’euros en aides sociales, soit 11 % de son PIB, selon l’Office for Budget Responsibility. Cette réforme, à la fois budgétaire et sociale, s’inscrit dans une volonté de rééquilibrage des finances publiques, mais son impact humain et politique pourrait peser lourdement sur le gouvernement travailliste.
Didier Maréchal