Les tensions au Yémen s’intensifient alors que les frappes aériennes états-uniennes contre les rebelles houthis se multiplient. Dimanche, une attaque a frappé un bâtiment dans un quartier ouest de Sanaa, la capitale, faisant au moins un mort et une dizaine de blessés, selon l’agence de presse SABA, contrôlée par les Houthis.

Une frappe ciblée au cœur de la capitale

D’après des responsables des services de santé cités par SABA, la frappe a blessé 13 personnes et causé d’importants dégâts matériels. Des images diffusées par l’agence montrent un bâtiment partiellement détruit, des débris éparpillés au sol et des traces de sang, tandis qu’un immeuble voisin semble intact. Cette précision laisse penser que les États-Unis auraient utilisé une ogive de moindre puissance pour limiter les dégâts collatéraux.

Washington n’a pas précisé les cibles exactes de cette frappe, mais le conseiller à la sécurité nationale du président états-unien Donald Trump, Mike Waltz, a affirmé que plusieurs hauts responsables houthis avaient été éliminés, notamment un expert en missiles du groupe rebelle. Les Houthis n’ont pas confirmé ces pertes, eux qui ont souvent tendance à minimiser l’impact des frappes états-uniennes tout en exagérant l’efficacité de leurs propres attaques contre des cibles occidentales.

Des frappes états-uniennes sur plusieurs fronts

Outre la capitale, des frappes ont également visé plusieurs autres régions sous contrôle houthi, notamment :

• Saada, fief du mouvement rebelle, où des infrastructures militaires auraient été touchées.

• Hodeida, port stratégique sur la mer Rouge, essentiel aux importations humanitaires et commerciales.

• Marib, province riche en pétrole et en gaz, où les Houthis affrontent les forces pro-gouvernementales soutenues par l’Arabie saoudite.

Depuis le lancement de la campagne de bombardements états-uniens le 15 mars, au moins 53 personnes ont été tuées, selon des sources locales.

Les Houthis poursuivent leurs attaques en mer Rouge

Cette intensification des frappes états-uniennes intervient après la menace des Houthis de reprendre leurs attaques contre des navires liés à Israël en raison du blocus de l’aide humanitaire à Gaza. Entre novembre 2023 et janvier 2024, les Houthis ont ciblé plus de 100 navires marchands, en coulent deux et tuant quatre marins. Ils ont également lancé plusieurs assauts contre des navires de guerre états-uniens, bien qu’aucun n’ait été touché.

Washington justifie son intervention militaire par la nécessité de protéger la navigation dans la mer Rouge et d’empêcher les Houthis d’entraver le commerce maritime mondial. “Nous avons frappé leur quartier général, des centres de communication, des usines d’armement et certaines de leurs installations de production de drones maritimes”, a déclaré Mike Waltz.

Un conflit qui s’enlise et un Yémen en crise

Alors que la guerre civile yéménite dure depuis près d’une décennie, cette nouvelle escalade militaire complique encore les perspectives de paix. Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du nord du Yémen, voient leur influence grandir malgré une situation économique désastreuse et une répression accrue contre les dissidents et les travailleurs humanitaires.

L’intensification des frappes états-uniennes pourrait également exacerber l’instabilité régionale, dans un contexte où l’Iran, allié des Houthis, est déjà en confrontation indirecte avec les États-Unis et Israël à travers divers groupes armés au Moyen-Orient.

Avec cette nouvelle série d’attaques, le Yémen s’enfonce davantage dans un conflit où les puissances internationales jouent un rôle de plus en plus direct, laissant peu de place à une résolution pacifique à court terme.