Tensions économiques en Afrique de l’Ouest : L’Alliance des États du Sahel impose une taxe de 0,5 % aux pays de la CEDEAO

L’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, a annoncé l’imposition immédiate d’un droit d’importation de 0,5 % sur toutes les marchandises en provenance des pays de la CEDEAO, à l’exception de l’aide humanitaire. Cette décision marque une rupture significative avec le principe de libre-échange qui régissait les relations commerciales en Afrique de l’Ouest depuis des décennies.

Une nouvelle étape dans la rupture entre l’AES et la CEDEAO

Cette taxe constitue une réponse directe aux tensions qui opposent les trois États du Sahel aux pays membres de la CEDEAO, notamment le Nigeria et le Ghana. Après leur retrait officiel de l’organisation régionale en janvier 2024, les gouvernements dirigés par des juntes militaires cherchent à renforcer leur autonomie économique et militaire.

L’Alliance justifie cette mesure par la nécessité de financer ses activités, bien que les détails précis sur l’utilisation de ces fonds n’aient pas été communiqués. Cette décision vient également s’ajouter à d’autres initiatives prises par les États du Sahel pour se distancer de la CEDEAO, notamment l’introduction d’un passeport biométrique propre à l’AES et la consolidation de leurs liens avec la Russie.

Un impact majeur sur le commerce régional

L’imposition de cette taxe pourrait avoir des répercussions importantes sur les échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest, déjà fragilisés par l’instabilité sécuritaire et l’inflation. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger dépendent fortement des importations en provenance des pays de la CEDEAO, notamment pour le pétrole, les matériaux de construction et les denrées alimentaires.

Les experts anticipent plusieurs conséquences économiques :

• Une hausse des prix des matériaux de construction, notamment du ciment, en raison de difficultés d’approvisionnement.

• Une inflation des prix alimentaires, impactant directement le pouvoir d’achat des populations.

• Une augmentation des coûts logistiques, rendant les importations plus onéreuses et ralentissant les échanges commerciaux.

Si cette taxe pourrait générer des revenus supplémentaires à court terme pour les États du Sahel, elle risque néanmoins d’entraîner un ralentissement économique et de compliquer les futures négociations diplomatiques avec la CEDEAO.

Vers une fragmentation économique accrue en Afrique de l’Ouest ?

La mise en place de ce droit d’importation symbolise la fracture grandissante entre l’AES et la CEDEAO. Loin d’être un simple différend commercial, cette décision reflète une divergence politique et stratégique profonde.

Depuis leur retrait de la CEDEAO, les trois États sahéliens ont multiplié les mesures visant à réduire leur dépendance économique et militaire vis-à-vis de leurs voisins. Outre l’expulsion des forces militaires occidentales et le rapprochement avec la Russie, ils cherchent à renforcer la coopération au sein de l’Alliance des États du Sahel pour assurer leur autosuffisance.

Cependant, cette nouvelle taxe pourrait accentuer l’isolement économique du Mali, du Burkina Faso et du Niger, alors que ces pays font face à des défis sécuritaires majeurs avec la présence de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

Une résolution diplomatique entre l’AES et la CEDEAO sera cruciale pour éviter une fragmentation économique plus profonde en Afrique de l’Ouest, alors que la région fait déjà face à d’importants défis économiques et sécuritaires.

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