Malgré certaines avancées en faveur d’un paix, l’actualité de la République Démocratique du Congo est très majoritairement dominée par les affres de la guerre.
Voici notre point au 2 février 2025.
Négociations directes entre le M23/AFC et le gouvernement congolais prévues au Qatar
Les négociations directes entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23/AFC, soutenus par le Rwanda, marquent un tournant dans la recherche d’une solution à la guerre qui ravage l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Une rencontre préparatoire est programmée pour le 9 avril prochain au Qatar, rapporte la télévision française France 24.
L’objectif de cette réunion est de poser les bases de discussions en vue de mettre un terme à un conflit qui a déjà coûté la vie à des milliers de personnes et forcé des millions de Congolais à fuir leur foyer. Ces négociations interviennent après plusieurs tentatives infructueuses, notamment en mars dernier à Luanda, où une rencontre entre le M23 et le gouvernement n’a pas pu se tenir. Cependant, à Doha, les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Les discussions se poursuivront dans le cadre du processus de paix fusionné Luanda/Nairobi, avec l’espoir de parvenir à une paix durable.
Affrontements à Nyangezi et Nyakabongola : quatre morts à Nyangezi
Les violences continuent de frapper durement la population dans le Sud-Kivu. Des affrontements entre les Wazalendo et le M23 dans les localités de Nyangezi et Nyakabongola ont fait au moins quatre morts, selon des sources locales. Parmi les victimes, deux civils ont perdu la vie, et leurs corps ont été récupérés et inhumés. Les deux autres corps appartiennent aux belligérants et sont restés dans la brousse près de la route nationale n°5, reliant Bukavu à Uvira. Les bombardements ont intensifié la peur au sein des populations locales, provoquant un exode massif, notamment du centre commercial de Munya. La situation reste extrêmement tendue, perturbant gravement la vie quotidienne des habitants de la région.
L’impact de l’offensive du M23 sur la situation humanitaire
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a exprimé son inquiétude face à l’aggravation de la crise humanitaire dans l’est de la RDC, exacerbée par l’offensive du M23 soutenu par le Rwanda. Un rapport onusien a révélé que 602 victimes d’exécutions extrajudiciaires et sommaires ont été recensées depuis le début de l’année 2025 dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. La violence sexuelle liée au conflit reste également un problème majeur. Nada Al-Nashif, Haut Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, a souligné que si aucune action concrète n’est prise pour stopper cette violence, le risque de catastrophe dans la région pourrait devenir inévitable.
Thomas Lubanga et la naissance du groupe rebelle “Convention pour la révolution populaire” en Ituri
La situation en Ituri se complique avec l’annonce de la création d’un nouveau groupe rebelle, la “Convention pour la révolution populaire” (CPR), par Thomas Lubanga. Ce criminel de guerre, libéré en 2020 après sa condamnation pour le recrutement d’enfants-soldats, a déclaré vouloir renverser le gouvernement congolais en mobilisant des hommes armés dans plusieurs régions de l’Ituri. Bien que la CPR n’ait pas encore lancé d’opérations militaires, sa formation représente une nouvelle menace pour la stabilité de la région.
La situation sécuritaire en Ituri demeure extrêmement fragile, avec des violences persistantes dues à divers groupes armés. Les troupes ougandaises, présentes pour lutter contre les Forces démocratiques alliées (ADF) affiliées à l’État islamique, font face à des attaques brutales contre les civils, accentuant encore la crise dans cette province déjà dévastée par des décennies de conflits.
Un espoir ténu pour la paix
La situation en RDC reste extrêmement complexe et préoccupante. Si des négociations sont en cours, l’instabilité persistante et la multiplication des groupes rebelles, dont la CPR de Lubanga, rendent difficile l’atteinte d’une paix durable. Les tensions entre les différents acteurs régionaux, notamment le M23 et le Rwanda, ajoutent à la complexité de la situation. La communauté internationale reste mobilisée, mais les perspectives de stabilité à long terme demeurent incertaines face à l’ampleur des défis.
Joseph Kouamé