Le ministre français des Outre-mer est arrivé mardi 8 avril à Mayotte, alors que débute des mobilisations sociales à l’appel d’une intersyndicale. De leur côté les élus mahorais, qui doivent se prononcer jeudi sur le projet de de loi de reconstruction de Mayotte , adopté par le parlement en février, demandent qu’il soit revu.
La grogne de certains collectifs
Le cyclone Chido a révélé au grand jours les retards de développement de Mayotte. Pour y pallier, une loi-programme est prévue. Mais la première mouture du texte n’est pas du goût des collectifs mahorais qui demande en priorité la suppression du titre de séjour « territorialisé », une mesure qui n’y apparaît pas pour l’instant.
Un titre de séjour obtenu actuellement à Mayotte ne permet pas à ses détenteurs de quitter le territoire. Sa suppression permettra, selon le collectif, de réduire la pression démographique liée à l’immigration clandestine. Le collectif demande également le retrait de l’article 20. Celui-ci doit faciliter les expropriations. Ses pourfendeurs redoutent qu’il ne dépossède les mahorais de leurs terres.
Les syndicats appellent un mouvement de grève « illimité »
Pour cette troisième visite de M. Valls dans l’île depuis sa nomination, les syndicats se sont aussi mobilisés contre les dispositions de la loi-programme . Ils appellent depuis hier, mardi 8 avril, à une grève illimitée et a un engagement ferme sur la convergence sociale afin d’aligner les droits sociaux avec ceux de l’ Hexagone
« La population est laissée pour compte » à Mayotte, dénonce Ousseni Balahachi, secrétaire départemental de la CFDT sur l’archipel. Il demande « des moyens financiers ou matériels » pour reconstruire l’archipel.
Les syndicats déplorent le manque de moyens pour relancer les services publics : « les écoles on n’en a pratiquement pas aujourd’hui. L’hôpital, on en a un seul à Mayotte et il est saccagé et n’arrive pas obtenir les moyens nécessaires pour pouvoir accueillir dans les bonnes conditions les usagers». Lundi 7 avril, ils avaient demandé, dans un courrier consulté par « Mayotte La 1ere », une augmentation des salaires et des retraites « compte tenu de la hausse du coût de la vie ».
« Nous avons vu le gouvernement actuel monter au créneau pour prendre des mesures d’urgence qui étaient supposées venir en aide à la population et à l’économie mahoraises, mais avec le recul, nous nous apercevons que toutes ces mesures ne sont pas mises en place telles que nous puissions répondre aux besoins », regrette Ousseni Balahachi.
Le Cyclone Chido a ravagé, le 14 décembre dernier, le département leplus pauvre de France, faisant au moins 40 morts. Le coût des destructions est évalué autour de 3,5 milliards d’euros. Le Parlement a adopté, en février, un projet de loi d’urgence pour la reconstruction. Un projet de loi ambitieux pour « refonder Mayotte ». Le document, qui arrivera au Sénat le 19 mai, cristallise les tensions au cours de cette visite de deux jours de Manuel Valls dans l’Archipel