Le Sénat pakistanais plaide pour une loi favorable au femmes, de manière générale, et aux femmes divorcées en particuliers. La loi déclarée « historique » par plusieurs observateurs va « alléger » les nombreuses difficultés rencontrées par les femmes lors des longues procédures de divorce.
Le projet de loi présenté par la Sénatrice Samina Mumtaz Zehri, devant le sous-comité du sénat, a reçu son feu vert pour la modification de la loi sur les tribunaux de famille telle que prescrite dans le projet de la loi 2024 . Désormais la loi va obliger les juges à déterminer la pension alimentaire mensuelle dès l’audience initiale des affaires de divorces.
La sénatrice Pakistanaise a expliqué devant la sous-commission que « 90% » des femmes du pays ne gagnaient pas leur vie de manière « indépendante » et que « les retards » accusés dans les décisions en matière de pension alimentaire « aggravaient » leurs difficultés financières. Elle a déclaré que le projet de loi visait à « obliger » les tribunaux à fixer un montant bien précis dès le début pour apporter un « soulagement immédiat » aux femmes en procédure de divorce.
Si le défendeur ne paie pas avant le 14 de chaque mois, son droit de se défendre sera retiré. Dans ce cas, les tribunaux pourront rendre les décisions sous la base des prétentions et des documents du plaignant recommande le projet de loi. La Sénatrice Anusha Rahman Ahmad, a soutenu ce texte. Elle a salué l’initiative et appelé à « l’adoption » de nouvelles propositions de ce type pour « protéger » les droits des femmes.
Le secrétaire adjoint du ministère du Droit et de la Justice a souligné que des « changements similaires » sont déjà entrés en vigueur dans le Penjab ( région du sous-continent indien comprenant une grande partie de l’Est du Pakistan « Province du Penjab pakistanais » et du nord-ouest de l’Inde « État du Penjab indien »).
Les débats se sont déroulés devant la sous commission de la Commission Sénatoriale permanente du Droit et de la justice à Islamabad, placée sous la direction du Sénateur Zamir Hussein Ghumro. Il a fait référence à « l’article 35 » de la « Constitution » qui attribue à l’État la responsabilité de « protéger » les familles, en particulier « les femmes et les enfants ». Le Sénateur a reconnu que le fait de ne pas garantir un soutien financier pendant les procédures de divorce s’avérait « préjudiciable aux familles vulnérables et affaiblissait les protections sociales ».
Les membres du comité ont tous convenu que les cas de divorces non résolus devant les tribunaux de la famille laissent souvent les femmes et les enfants sans soutien pendant des années, notant au passage que la plupart des femmes concernées n’ont pas de « revenus indépendants »
A l’issue de la rencontre, le projet de loi a été adopté à l’unanimité par la sous-commission qui l’a transmise à la commission sénatoriale principale pour un examen approfondi avant son adoption par la Chambre plénière du Parlement.
Les cas de divorce en hausse dans le pays.
Les femmes pakistanaises se tournent progressivement vers le divorce. Un choix qui reste dangereux dans un pays où l’islam radical y est majoritaire, particulièrementdans la partie Nord du pays, même si de plus en plus de femmes arrivent sur le marché du travail et prennent conscience de leurs droits. Mais le nombre de femmes qui ont le courage de divorcer reste faible face à un conservatisme musulman grandissant dans une nation traditionnellement dominée par les hommes.
Selon plusieurs ONG locales, certaines femmes sont tuées durant la procédure de divorce, sur la route qui les mènent du tribunal à leur domicile ou devant leur avocat.
Dans la capitale, Islamabad ville d’1.7 millions d’habitants, 557 couples ont divorcé en 2011 contre 208 en 2002, rapporte le Conseil d’arbitrage d’Islamabad. Le gouvernement pakistanais ne donne aucun chiffre sur le taux de divorce dans le pays.
« Si vous gagnez votre vie, la seule chose dont vous avez besoin de la part d’un homme c’est l’amour et de l’affection. S’il n’est pas en mesure de vous les donner, vous pouvez le quitter », juge une journaliste pakistanaise divorcée de 26 ans, qui a quitté son mari volage et un mariage arrangé et dénué de sentiments.
Au Pakistan, un divorce est jugé par un tribunal musulman de la famille en six mois mais il faut parfois attendre des années pour qu’il le soit par un tribunal civil, ce qui rend encore plus difficile la procédure pour les femmes des minorités religieuses et parfois sans revenues.
Toutes choses qui font dirent aux nombreuses organisations civiles locales, qui défendent les droits fondamentaux des femmes, que la proposition de loi introduite par les sénateurs est « historique ».