Le Vatican a annoncé ce lundi 21 avril 2025, au lever du jour, la mort du pape François, survenue à Rome, dans sa résidence du Vatican. Ce décès soudain est survenu quelques heures seulement après sa dernière apparition publique, dimanche, sur le balcon de la Basilique Saint-Pierre, pour la bénédiction Urbi et Orbi. Une disparition qui plonge l’Église catholique dans une émotion immense, en plein cœur de la fête de Pâques, sommet de l’année liturgique.
Une dernière apparition émouvante
Affaibli, la voix basse, le regard éteint, François était apparu dimanche de Pâques visiblement diminué. Mais fidèle à sa mission, il avait tenu à bénir les fidèles réunis sur la place Saint-Pierre. Dans un geste inattendu, il avait même demandé à effectuer un dernier tour de la place en papamobile, comme un adieu silencieux. Beaucoup ont été frappés par la symbolique puissante de cette apparition : celle d’un homme conscient de son état, mais résolu à servir jusqu’au bout.
Un décès symbolique
La mort du pape François en ce lundi de Pâques – moment où les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ – revêt une signification particulière. Dans la foi chrétienne, la mort n’est pas une fin, mais un passage vers la vie éternelle. Cette coïncidence, hautement symbolique, est vécue comme un signe fort pour de nombreux fidèles. L’octave de Pâques, qui prolonge la célébration pendant huit jours, donne à cette disparition une résonance spirituelle d’autant plus marquante.
Une santé déclinante depuis plusieurs années
Depuis plusieurs années, le pape François souffrait de divers problèmes de santé. Le 14 février dernier, il avait été admis à l’hôpital Gemelli de Rome pour une « bronchite », qui s’est rapidement révélée être une pneumonie bilatérale. Son état s’était aggravé au point d’exiger deux bronchoscopies pour dégager les voies respiratoires obstruées. Malgré une sortie de l’hôpital le 23 mars, il était resté en convalescence au Vatican.
Déjà, en mars 2023, François avait été hospitalisé pour une « bronchite infectieuse », non liée au Covid-19, et à nouveau atteint fin 2023, ce qui l’avait contraint à annuler un voyage à Dubaï. L’hiver 2024-2025 aura été fatal à sa condition déjà affaiblie par l’âge et les antécédents pulmonaires : une partie du lobe supérieur droit de ses poumons avait été retirée à l’âge de 21 ans.
En plus de ses problèmes respiratoires, il avait été opéré en 2021 pour une sténose diverticulaire du côlon, et en 2023 pour une hernie intestinale. Il souffrait aussi de sciatique et d’arthrose sévère du genou, nécessitant parfois l’usage d’un fauteuil roulant, qu’il vivait comme une « humiliation ».
Un pontificat marquant et audacieux
Élu le 13 mars 2013 après la renonciation de Benoît XVI, François, de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, fut le premier pape jésuite et le premier issu d’Amérique latine. À 88 ans, ce fils d’immigrés italiens originaire d’Argentine a profondément transformé l’image de la papauté et l’orientation de l’Église.
Pasteur proche des pauvres, des exclus, des migrants et des blessés de la vie, il a bousculé les habitudes du Vatican et tenté de réformer l’Église de l’intérieur. Il a voulu une Église « en sortie », plus synodale, moins verticale, plus engagée dans les grands enjeux sociaux et écologiques de notre temps.
Il a osé ouvrir le débat sur des sujets sensibles : accueil des divorcés remariés, reconnaissance des unions homosexuelles, place des femmes dans l’Église, abus sexuels commis par des membres du clergé. Il a fustigé les cléricalismes, l’hypocrisie, l’indifférence des puissants, et n’a jamais hésité à interpeller les fidèles eux-mêmes sur leur engagement envers les plus pauvres.
Une autorité spirituelle planétaire
Avec plus de 44 millions d’abonnés sur le réseau X (anciennement Twitter), François était l’un des chefs religieux les plus suivis au monde. Sa simplicité, sa parole directe, son sourire et son humilité lui ont valu une popularité rare, bien au-delà des frontières du catholicisme.
Il avait un contact personnel très développé, appelant souvent directement des personnes ordinaires, prenant le temps d’écouter, de visiter les prisons, les camps de réfugiés, les zones de guerre. Ce style pastoral, profondément humain, tranchait avec la solennité traditionnelle de la fonction pontificale.
Dans son autobiographie Espère, parue en janvier 2025, il écrivait : « L’Église ira de l’avant. Dans son histoire, je ne suis qu’un passage. » Ce passage, il l’aura traversé avec une intensité exceptionnelle.
Et maintenant ?
À la suite de son décès, le siège apostolique entre officiellement en vacance. Tous les chefs de dicastères du Vatican perdent leur pouvoir, à l’exception du cardinal camerlingue qui veille à l’organisation de la transition. Une réunion du Collège des cardinaux décidera dans les prochains jours de la date des funérailles. Traditionnellement, celles-ci se tiennent une semaine après la mort du pape.
Le corps du pape François sera exposé dans la Basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles du monde entier de venir lui rendre hommage. Selon ses souhaits exprimés en 2023, il ne sera pas inhumé dans la crypte des papes à Saint-Pierre, mais dans la basilique Sainte-Marie-Majeure. Une première depuis 1669.
Concernant le conclave chargé d’élire son successeur, il ne pourra s’ouvrir avant au moins quinze jours. Il réunira les cardinaux électeurs de moins de 80 ans venus du monde entier, dans la Chapelle Sixtine, pour désigner le prochain évêque de Rome.
Un héritage considérable
La disparition de François laisse un vide immense. Il aura été un pape de rupture, un pasteur missionnaire, un homme de foi incarnée, un prophète pour notre temps. Son pontificat a suscité l’adhésion, le débat, parfois l’opposition, mais jamais l’indifférence. Il a réveillé une Église endormie, l’a exposée aux défis du monde contemporain, et ouvert la voie à une refondation encore inachevée.
L’histoire retiendra de lui l’image d’un homme debout, jusqu’à son dernier souffle, fidèle à sa mission, à son peuple et à son Dieu.