Une opération antiterroriste d’ampleur a été déclenchée ce lundi en France contre le groupuscule radical « DDPF » (Droit des prisonniers français), soupçonné d’avoir orchestré une série d’attaques contre des établissements pénitentiaires. Vingt-cinq personnes ont été interpellées dans plusieurs grandes villes du pays, dont certaines directement en détention.
Une vague d’attaques sans précédent
Depuis le 13 avril 2025, les prisons françaises sont frappées par une série d’attaques organisées : incendies de véhicules de surveillants, tirs de mortiers, jets de cocktails Molotov, intimidations et tirs d’armes automatiques. Parmi les établissements ciblés : Toulon-La Farlède, Nanterre, Aix-Luynes, Valence, le centre pénitentiaire du Sud-Francilien, ainsi que des résidences de personnel à Marseille.
Le sigle DDPF a été retrouvé sur les lieux des attaques, et un canal Telegram portant ce nom a publié plusieurs revendications. Le groupe y dénonce les conditions de détention, la surpopulation carcérale, et accuse l’administration de violences et d’abus. Il appelle à une mobilisation généralisée des prisonniers, tout en rejetant toute étiquette terroriste.
Une enquête nationale mobilisant plus de 200 agents
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est rapidement saisi du dossier, épaulé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’enquête a conduit à l’arrestation de 25 individus à Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux et dans plusieurs centres pénitentiaires.
Parmi les figures clés identifiées : Imran A., 23 ans, détenu et ancien chef de point de deal pour la DZ Mafia, un réseau criminel impliqué dans le trafic de drogue. Il est soupçonné d’avoir donné des instructions à l’intérieur même de sa prison. Son implication témoigne d’un lien grandissant entre certains réseaux criminels et des mouvements radicaux en milieu carcéral.
Darmanin dénonce une tentative de déstabilisation de la République
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a qualifié les attaques de « manœuvre d’intimidation visant à déstabiliser la République », affirmant que l’État répondra avec fermeté. Il a aussi évoqué un possible lien entre ces actions violentes et les activités de narcotrafic, soulignant une tentative concertée de certains groupes pour affaiblir les institutions pénitentiaires.
Des prisons à bout de souffle
Ces attaques mettent en lumière la crise chronique des prisons françaises, en proie à une surpopulation alarmante. Au 1er janvier 2025, on recensait 80 669 détenus pour seulement 62 385 places, soit un taux d’occupation moyen de 129 %. Dans les maisons d’arrêt, cette proportion grimpe à 159,9 %, avec plus de 4 580 détenus dormant sur des matelas à même le sol.
Des établissements comme Villepinte (plus de 200 % de taux d’occupation) ou Majicavo à Mayotte (286,8 %) symbolisent l’engorgement du système carcéral. En septembre 2024, une émeute violente avait éclaté à Majicavo, révélant des conditions de détention extrêmes.
Vers des réformes structurelles ?
Face à cette urgence, le gouvernement a promis la construction de 15 000 nouvelles places de prison d’ici 2027, mais moins d’un tiers ont été livrées à ce jour. En parallèle, des experts et acteurs de la société civile appellent à un changement profond : peines aménagées, travaux d’intérêt général, et alternatives à l’incarcération sont désormais sur la table pour désengorger les prisons et favoriser la réinsertion.
L’affaire du DDPF marque un tournant : la prison n’est plus seulement un lieu de rétention, mais aussi un terrain de contestation organisé, où se croisent enjeux sociaux, sécuritaires et criminels.