Allemagne : le parti « d’extrême droite » AfD passe en tête des intentions de vote – le futur chancelier déjà désavoué

C’est une première historique en Allemagne : le parti « d’extrême droite » « Alternative für Deutschland » (AfD) domine désormais les intentions de vote au niveau national, dépassant le parti de droite conservatrice du futur chancelier, de fait désavoué avant même sa prise de fonction.

Moins de deux mois après les élections législatives anticipées, l’AfD atteint 26 % dans un sondage réalisé par l’institut Forsa et publié le 22 avril par « Die Welt », dépassant pour la première fois les conservateurs de la CDU-CSU, crédités de 25 %.

Ce résultat marque le plus haut niveau jamais enregistré par le parti fondé en 2013. Il confirme la dynamique enclenchée lors du scrutin de février, où l’AfD avait doublé son score de 2021 pour atteindre 20,8 %. En une semaine seulement, l’AfD gagne deux points. À l’inverse, les socialistes du SPD, anciennement au pouvoir, stagnent à 15 %. Les Verts et Die Linke (la gauche radicale) poursuivent leur recul, à respectivement 11 % et 10 %.

Mais ce sondage va au-delà d’une simple photographie électorale. Il révèle une lame de fond inquiétante pour les partis traditionnels. Selon Forsa, près de 40 % des électeurs de l’AfD votent avant tout par rejet : rejet de la coalition sortante, des grands partis classiques, et plus largement du système politique. Seuls 35 % des sondés déclarent adhérer véritablement aux idées du parti. Cette combinaison entre rejet et adhésion pourrait faire grimper l’AfD au-delà des 30 % dans les prochains mois, prévient l’institut.

La poussée de « l’extrême droite » est particulièrement marquée dans les Länder de l’Est, bastions traditionnels du vote protestataire. Mais le phénomène gagne également la droite traditionnelle : 13 % des électeurs de la CDU-CSU envisageraient de voter pour l’AfD. Ce transfert d’électorat contribue à fragiliser la position de Friedrich Merz, chancelier désigné, qui n’est pas encore officiellement entré en fonction.

Depuis les élections, Merz tente de former une coalition avec le SPD. Le contrat de gouvernement, dévoilé le 9 avril, promet fermeté sur l’immigration, baisses d’impôts ciblées et réformes administratives. Malgré ces propositions, les projections ne donnent plus de majorité à l’alliance CDU-SPD. Merz continue de rejeter toute alliance avec l’AfD, mais le « cordon sanitaire » semble de plus en plus vulnérable. Aujourd’hui, seule une coalition entre la CDU et l’AfD garantirait une majorité parlementaire.

Le sondage Forsa a été mené pour le baromètre RTL/ntv entre le 15 et le 17 avril, auprès de 1503 personnes, avec une marge d’erreur de ±2,5 points. Les données sur les motivations des électeurs et des potentiels électeurs de l’AfD ont été recueillies entre le 8 et le 14 avril auprès de 2409 personnes, avec la même marge d’erreur.

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