Dans une démarche aussi inédite que polémique, des Sud-Africains blancs, issus de la communauté Afrikaners, sont entendus pour des demandes d’asile aux États-Unis d’Amérique.
Des Sud-africains blancs ont été entendus par les autorités états-uniennes en vue d’être admis comme réfugiés aux EUA. Une situation qui interroge sur la nature même de l’asile politique et les tensions raciales persistantes dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Ce mouvement encouragé par l’administration Trump s’appuie sur une rhétorique de protection contre des « discriminations injustes» subies par les blancs Sud-Africains, dans le pays.
Mark, agriculteur Sud-Africain, fait partie de la trentaine de personnes qui ont déjà passé un entretien. Son récit, partagé à l’agence de presse britannique « Reuters», décrit un personnel d’ambassade «empathique» et «bienveillant».
Katia Beeden, « coach » dans la ville sud-africaine du Cap et porte-parole du site «Amerikaners», créé dans la foulée de la décision de l’administration Trump pour accompagner les Sud-Africains blancs intéressés à devenir réfugiés aux EUA, salue l’offre de Washington. «Elle est une véritable bouée de sauvetage», a-t-elle confié aux médias locaux, ajoutant que « l’Afrique du Sud est une société très violente et nous avons le taux de meurtres le plus élevé au monde. En tant que femme, je ne peux même pas marcher sur la montagne à côté de laquelle je vis, car je risque d’être volée et violée.»
Alors que la criminalité touche statistiquement et majoritairement les populations pauvres, certains Afrikaners à l’instar de Katia, clament cependant que les crimes affectant les blancs sont plus souvent à «caractère raciste». Une affirmation que dénonce le gouvernement de Pretoria et que les statistiques ne permettent pas d’étayer. Certains spécialistes, comme Nicky Falkof, directrice du Centre d’études sur la diversité à l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, dans la province du Gauteng, pense le contraire . « La plupart des crimes à caractère raciste dans ce pays sont commis par des Blancs contre les Noirs », affirme-t-elle.
Pour l’heure peu d’informations concernant le programme ou son avancéecirculent, en l’absence d’une communication officielle des autorités états-uniennes. Seule une adresse électrique sur le site de l’ambassade des EUA, permet d’adresser les demandes d’informations. Toutes choses qui favorisent des spéculations sur les groupes de réseaux sociaux rassemblant les Sud-africains blancs intéressés. D’autres encore s’interrogent : le programme «est-il restreint aux fermiers ? Aux Afrikaners ? Ou tous les Blancs sont-ils éligibles ? », sans pour autant avoir des réponses.
Bien que certains Sud-Africains blancs aient exprimé un fort intérêt pour le programme d’asile, une grande majorité reste réticente à quitter le pays. Parmi les 4,5 millions de blancs Sud-Africains, seulement une fraction a manifesté son souhait d’émigrer.
Kallie Kriel, le président d’Afriforum, une organisation de défense des Afrikaners, a indiqué que, bien que l’organisation ait fait pression sur la Maison Blanche, la majorité des Afrikaners «préfèrent» rester et « lutter » contre ce qu’ils considèrent «comme des injustices». Pour beaucoup, quitter l’Afrique du Sud serait « un prix trop élevé à payer», a-t-il confié.
Lancé le 7 février dernier sous l’impulsion directe de Donald Trump, ce programme d’asile ne figure officiellement sur aucun décret public détaillé. Selon le «New York Times», 8 200 Sud-Africains ont exprimé un intérêt auprès des autorités états-uniennes. L’avenir de ce programme pourrait dépendre de la politique migratoire future de l’administration Trump et de l’évolution de la situation en Afrique du Sud, affirment plusieurs observateurs.
L’Afrique du Sud, est encore marquée par les séquelles de l’apartheid. Les Afrikaners, une minorité blanche, détiennent encore une large part des terres et des richesses, avec des différences de patrimoine considérables entre les communautés blanches et noires