Tanzanie : un prêtre, critique du régime, agressé

Connu pour ses critiques du régime et ses appels aux réformes électorales, Charles Kitima, prêtre à Dar-es- Saalam, capitale de la Tanzanie, a été agressé mercredi 30 avril. L’incident, qui a suscité l’émoi au sein de la population, intervient dans un contexte de répression constante des opposants.

En Tanzanie, un prêtre, critique acerbe du régime au pouvoir a été violemment agressé mercredi 30 avril, dans un restaurant près de chez lui, à Dar-es-Saalam. Charles Kitima, a été frappé à la tête par deux hommes, avant de prendre la fuite, selon plusieurs témoins oculaires. Grièvement blessé, l’homme d’église est toujours à l’hôpital.

Le religieux, très critique du régime en place, Maître Boniface Mwabukusi, avocat au Barreau de la Tanzanie, pense que son agression est «directement liée» à ses prises de paroles sur l’État de droit et les réformes. L’homme de droit, s’insurge vertement contre la perspective d’un acte isolé et anodin. Selon lui « la personne qui a donné ce coup était un professionnel, quelqu’un de formé, pas une personne ordinaire». Le franc-parler de la victime, très dérangeant pour le pouvoir en place est sans doute à l’origine de cette attaque, a poursuivi l’avocat : « Kitima était toujours franc, il parlait de l’État de droit, de la responsabilité des dirigeants… À mon avis, il a été attaqué pour ce qu’il défend». Boniface Mwabukusi, redoute une manipulation des autorités tanzaniennes dans le cadre de cette affaire et réclame une « enquête impartiale», même comme « nous nous éloignons de l’État de droit », déplore-t-il.

La communauté internationale s’est montrée très concernée par cet incident. L’Union Européenne ainsi que les États-Unis d’Amérique ont même exigé « des explications» sur cette agression.

Cette attaque du prêtre Charles Kitima, survient dans un contexte politique très tendu, à cinq mois des élections présidentielles. Le cas de l’opposant, Tundu Lissu, sous le coup d’un procès pour trahison, passible de la peine de mort, illustre la situation très fragile des opposants dans le pays.

L’Église Catholique de Tanzanie, est d’ailleurs sorti de sa réserve, ce vendredi 2 mai, et a appelé ses fidèles à «boycotter» le prochain scrutin si «les réformes promises» par les autorités ne « sont pas engagées

Laisser un commentaire