Gabon : Oligui Nguema investi président après sa large victoire aux élections

Arrivé en tête avec 94,85% de voix aux présidentielles du 12 avril, l’ancien putschiste, Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment, ce samedi 3 mai, à Libreville, devenant ainsi le quatrième président démocratiquement élu du Gabon.

Le général Clotaire Oligui Nguema a prêté serment ce samedi 3 mai au stade d’Agondjé, au nord de Libreville, devant des milliers de gabonais et de nombreux chefs d’États africains. Cette cérémonie qui s’est déroulée pour la première fois dans un stade, marque la fin de la période de transition politique ouverte en août 2023.

La main droite levée devant le drapeau de son pays et celle gauche sur la constitution, le président élu a juré de remplir ses charges devant «Dieu, nos ancêtres et le peuple gabonais ». Dans une cérémonie réglée et quadrillée par la Cour Constitutionnelle, Brice Clotaire Oligui Nguema a promis de «défendre la Constitution et l’État de droit » et de «préserver l’intégrité du territoire national ». Environ 40 000 personnes ont pris part à cette prestation de serment, dont seize chefs d’États africains.

Contrairement aux autres transitions conduites par les juntes militaires au pouvoir depuis 2020 – notamment, au Mali, au Burkina Faso, et au Niger -, Brice Clotaire Oligui Nguema a tenu sa promesse d’organiser les élections présidentielles.

La plupart des gabonais applaudissent le «travail» entrepris pendant la transition notamment, l’investissement dans les équipements hospitaliers, la rénovation des routes, la relance des aides à la scolarisation des jeunes. Cependant, les attentes demeurent au sein de la population et le chemin est encore bien long, pour le nouveau pouvoir de Libreville. Les défis socio-économiques restent immenses dans ce pays riche en ressources pétrolières, pourtant confrontés aux défis tels que : un réseau électrique défaillant et de fréquentes coupures, un chômage des jeunes de près de 40%, des infrastructures routières dégradées, une dette publique qui pourrait atteindre 80% du PIB en 2025.

Plusieurs chefs d’États africains sont arrivés depuis vendredi 2 mai à Libreville, parmi eux, Umaro Sissoco Embolo (Guinée-Bissau), Adama Barrow (Gambie), Bassirou-Diomaye Faye (Sénégal), Faustin Archange Touadera (Centrafrique) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée Équatoriale). D’autres encore, comme les présidents de la République Démocratique du Congo, du Rwanda, du Tchad ainsi que le Général Mamadi Doumbouya (qui a pris le pouvoir par la force en Septembre 2021 en Guinée Conakry), ont aussi pris part à cette cérémonie . Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, représentait la France à cette investiture.

Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien général de la garde républicaine, avait pris le pouvoir le 30 août 2023, à la suite d’un coup d’État contre Ali Bongo Ondimba, mettant fin à 55 ans de règne de la dynastie Bongo. Il a dirigé la transition, de 19 mois, au cours de laquelle il a porté les habits de « bâtisseur», lançant plusieurs chantiers et promettant une lutte acharnée contre la corruption. L’investiture de ce samedi 3 avril, ouvre une nouvelle page dans l’histoire politique de ce pays de l’Afrique Centrale qui comptait près de 2,485 millions d’habitants en 2023.

Reste à voir ce que l’avenir donnera pour le Gabon avec un président qui a commencé par prendre le pouvoir grâce à un coup d’État. Si, en règle générale, cela ne donne rien de bon pour les populations des pays étant passés par un plébiscite aussi prononcé que celui Brice Clotaire Oligui Nguema avec un résultat toujours symptomatique d’une dictature, l’Histoire de l’Humanité, dans son passé récent depuis le début du Xxe siècle, a montré que, bien que continuant à être des dictateurs, les fruits produits par ceux-ci pouvaient être très différents d’un dictateur à l’autre. Citons, parmi les plus célèbres exemples, le général Charles de Gaulle pour la France, qui, avec son image de « libérateur de la France » (qu’il ne fut, en réalité que dans une mesure bien moindre que ce que sa propagande officielle inculqua aux français), pris le pouvoir en contraignant les députés à lui remettre les pleins pouvoir pour éviter qu’il ne lance une guerre civile et qui gouverna jusqu’à la fin en réel dictateur, contrôlant personnellement tous médias – rédigeant personnellement les questions et les réponses que les journalistes lui posaient, interdisant les artistes qui ne plaisaient ni à lui ni à sa femme, etc… Mais qui fut, dans une certaine mesure, un dictateur éclairé, tant en politique nationale qu’internationale. Autre cas particulièrement célèbre de dictateur, mais qui arriva au pouvoir d’une autre manière, fut l’autrichien Adolphe Hitler, qui fut appelé par le roi allemand comme chancelier en 1933, et qui, usant de ce pouvoir, put instaurer ses milices « nazi » pour remporter les élections démocratiques en 1936, convainquant la population allemande à voter pour lui, également par une politique de grands travaux qui redonnèrent une « vie meilleure » par ses infrastructures, aux allemands et une fierté patriotique retrouvée après l’humiliation des accords de Versailles, en 1918, où la France, toujours aussi égocentrique et ethnocentrique, détruisit cette Allemagne qu’elle avait vaincue au terme de la 1ère guerre mondiale, d’un point de vue économique, au point d’un faire un pays où régna la misère jusqu’au début des années 1930. On pourrait également parler de la catégorie des dictateurs déguisées en « Père de la Nation », consécutifs à l’ère des indépendances, non seulement en Afrique, mais également en Asie et en Amérique du Sud.

Ces exemples pour rappeler que, bien sûr, le Gabon ne vient pas de voir s’instaurer la Démocratie mais une nouvelle dictature dont il reste, à présent, à voir, si elle sera celle d’un « dictateur éclairé » ou d’un despote conduisant son pays à « esclavage intérieur » et à la ruine.

Complément d’article : Christian Estevez

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