L’information relayée depuis longtemps par plusieurs médias états-uniens a été confirmée dimanche 4 mai, devant la télévision nationale rwandaise, par le chef de la diplomatie du pays, Olivier Nduhungirehe.
Le Rwanda est en pourparlers avec Washington pour accueillir des migrants expulsés des États-Unis. L’information a été confirmée pour la première fois par les autorités rwandaises.
Les discussions avec l’administration de Trump ne sont qu’à leur « phase initiale », et il reste encore du temps avant de « parvenir» à un accord avec Washington à expliqué Monsieur Nduhungirehe, sans donner plus de détails sur le contenu des discussions. Toutefois, il serait «prématuré de tirer des conclusions quant à leur issue», a-t-il modéré.
Partenaire de plusieurs pays
Depuis longtemps, le Rwanda se positionne comme partenaire des pays occidentaux cherchant à réduire le flux migratoire sur leurs territoires. Contre rémunération, il se propose parfois d’accueillir les migrants ou de les héberger en attendant leur réinstallation ailleurs.
Il ne s’agit donc pas d’une nouveauté, a ajouté le chef de la diplomatie rwandaise, qui a évoqué le projet controversé signé en 2022 avec le Royaume-Uni et finalement abandonné avant son implémentation prévue l’année dernière, par les nouvelles autorités britanniques. Mais Kigali avait montré sa disponibilité à des discussions similaires avec d’autres pays.
Depuis son entrée en fonction, l’administration Trump a recours à des mesures musclées pour freiner l’immigration, notamment des expulsions par avion très médiatisées. En mars, M. Trump a invoqué une loi de 1798 pour expulser vers le Salvador des centaines de membres présumés de gangs vénézuéliens, alors même qu’un juge fédéral tentait de l’en empêcher. Washington cherche d’autres pays prêts à accueillir les personnes expulsées des États-Unis d’Amérique.
Le Rwanda accueille déjà des migrants refoulés par d’autres pays, notamment des centaines de réfugiés africains qui s’étaient rendus en Lybie et qui sont en attente de relocalisation, dans le cadre d’un partenariat avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.(UNHCR) Le Rwanda a aussi signé un accord avec le Danemark pour améliorer la coopération en matière d’asile et de migration et a accueilli des migrants expulsés par Israël.
Mais pour ses pourfendeurs, le Rwanda n’est pas une terre d’asile sûre, avec ses ressources limitées et son bilan médiocre en matière de droits de la personne, y compris l’intimidation et la surveillance exercée dans le passé contre les migrants et les réfugiés.
Des inquiétudes des Nations Unies
L’agence onusienne pour les réfugiés(HCR) s’est dite inquiète, prévenant qu’il y avait des risques que certains migrants envoyés au Rwanda par l’administration Trump, soient renvoyés dans les pays qu’ils ont fuis. En effet, « CBS», média états-uniens, a révélé que des africains pourraient être sur la liste de ces migrants expulsés vers le Rwanda. Le pays leur fournirait un soutien social et une aide à la recherche d’un emploi sur le plan local, a ajouté la même source. Kigali dément ses allégations du HCR, fondées sur les informations de la chaîne états-unienne, et accuse l’agence onusienne de «mentir».
Les enjeux de cette future collaboration pour le Rwanda
Le militant des droits de l’Homme rwandais, René Claudel Mugenzi, a confié à la Voix de l’Allemagne/Deutsche Welle(DW) que « si accord il y a, d’abord, l’objectif est de redorer l’image écornée du Rwanda en raison de la guerre dans l’est de la RDC. C’est ce qui a poussé le pays, par exemple, à signer de nouveaux partenariats avec les clubs de football qui arborent «Visit Rwanda(la branche touristique du gouvernement rwandais)» sur leur maillot. Mais le but serait aussi économique». « Beaucoup de pays ont arrêté leur aide au Rwanda à cause de son soutien aux rebelles du M23. Le Rwanda a donc besoin d’une autre source de revenus pour essayer de remplacer ce qu’il a perdu à cause de ces sanctions », a expliqué Monsieur Mugenzi.