Israël tue un commandant du Hamas au Liban et menace l’Iran de représailles similaires à celles infligées à Gaza

L’armée israélienne a mené, ce mercredi à l’aube, une frappe ciblée dans le sud du Liban ayant coûté la vie à un haut commandant du Hamas, Khaled Ahmad al-Ahmad. Ce dernier aurait été touché alors qu’il se rendait à la prière près de la mosquée de l’imam Ali, dans la ville de Saïda.

Le Hamas a confirmé sa mort dans un communiqué, évoquant le “martyre” de son cadre. Israël, de son côté, a revendiqué l’opération en affirmant avoir “éliminé un terroriste impliqué dans de nombreuses attaques contre des civils et soldats israéliens”.

L’attaque intervient malgré le cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah, après deux mois de conflit frontalier. Ce cessez-le-feu, toujours en vigueur, n’empêche toutefois pas l’armée israélienne de mener régulièrement des frappes au Liban, ciblant à la fois le Hezbollah et des membres du Hamas, que Tel-Aviv accuse d’utiliser le territoire libanais comme base arrière.

La frappe de Saïda s’inscrit dans une série d’attaques ciblées menées par Israël contre des responsables du Hamas au Liban. Le 4 avril dernier, un autre commandant du mouvement avait été tué dans la même ville. D’après l’Agence nationale libanaise d’information, la frappe de mercredi a visé une voiture stationnée près de la mosquée, perforant son toit.

Un contexte régional sous haute tension

Depuis l’attaque surprise du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la région est en proie à une instabilité croissante. L’offensive palestinienne avait provoqué une riposte militaire massive d’Israël dans la bande de Gaza. En soutien aux Palestiniens, le Hezbollah libanais avait ouvert un front au nord, tirant des roquettes depuis le sud du Liban. Cette escalade avait poussé Israël à bombarder les bastions du Hezbollah tout au long de l’automne 2024.

Malgré l’accord de cessez-le-feu de novembre, les violations se multiplient. L’armée libanaise a récemment interpellé trois membres du Hamas accusés d’avoir tiré des roquettes en mars. Beyrouth insiste sur le respect de ses engagements, mais accuse Israël de maintenir ses troupes dans cinq positions frontalières et de poursuivre des actions militaires unilatérales. Le Liban demande l’intervention des États garants de l’accord, notamment les États-Unis et la France, pour contraindre Israël à respecter le cessez-le-feu.

Israël menace directement l’Iran : “Ce que nous avons fait au Hamas à Gaza, nous vous le ferons aussi”

Quelques heures après la frappe de Saïda, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a lancé une menace sans équivoque à l’égard de l’Iran. Cette déclaration intervient quatre jours après que les rebelles yéménites Houthis, alliés de Téhéran, ont tiré un missile sur l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv.

« J’avertis les dirigeants iraniens : ce que nous avons fait au Hezbollah à Beyrouth, au Hamas à Gaza, à Assad à Damas, nous vous le ferons aussi à Téhéran », a affirmé Israël Katz dans un communiqué virulent.

Le ministre accuse l’Iran de financer, armer et manipuler les Houthis, qu’il qualifie de “mandataires terroristes”. En riposte, l’armée israélienne a frappé cette semaine plusieurs installations stratégiques au Yémen, dont l’aéroport de Sanaa, des stations électriques et des cimenteries.

Depuis le début de la guerre à Gaza, les Houthis revendiquent des dizaines d’attaques de drones et missiles contre Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. Malgré un accord de cessez-le-feu avec les États-Unis, ils ont affirmé poursuivre leurs attaques contre Israël, lançant encore trois drones mercredi 8 mai.

Israël, qui voit en l’Iran le chef de file de l’« axe de la résistance » (comprenant notamment le Hamas, le Hezbollah, et les Houthis), avertit qu’il n’hésitera pas à frapper directement sur le territoire iranien si les attaques indirectes se poursuivent.

Une guerre aux multiples fronts

Alors que la bande de Gaza reste le cœur du conflit, Israël est désormais engagé sur plusieurs théâtres : au sud avec le Hamas, au nord avec le Hezbollah, à l’est en Syrie et désormais à l’ouest face aux Houthis. Les tensions montent également sur le plan diplomatique, le Liban accusant Israël de saboter les efforts de paix et d’exporter le conflit à travers la région.

Face à cette instabilité régionale, les appels à la désescalade se multiplient, mais la situation sur le terrain, elle, semble suivre une trajectoire opposée.

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