Après plusieurs jours de négociations directes à Doha, le Hamas a annoncé dimanche avoir envisagé la libération d’un otage ayant la double nationalité israélienne et états-unienne. Il s’agit d’Edan Alexander, âgé de 21 ans, capturé lors de l’attaque du 7 octobre 2023 contre le sud d’Israël. Selon le Hamas, cette libération s’inscrirait dans un cadre plus large visant un cessez-le-feu, un échange de prisonniers et un accès renforcé à l’aide humanitaire pour Gaza.
Négociations inédites à Doha
Deux responsables du Hamas, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont confirmé que des échanges directs avaient eu lieu avec les États-Unis à Doha. Ces discussions, jugées « constructives », portaient sur plusieurs volets : un cessez-le-feu, la libération des otages, l’échange contre des prisonniers palestiniens, et l’entrée de l’aide humanitaire. Washington avait déjà reconnu début mars avoir établi un contact direct sans précédent avec le Hamas, après consultation avec Israël.
Un « geste de bonne volonté » salué par les médiateurs
Le Hamas a précisé que la libération d’Edan Alexander pourrait avoir lieu « dans les prochains jours ». Cette annonce a été saluée par l’Égypte et le Qatar, qui jouent un rôle de médiation dans le conflit. Dans une déclaration conjointe, ces deux pays ont qualifié ce geste de « pas encourageant » vers la reprise des pourparlers, espérant une avancée vers une trêve durable, la libération de l’ensemble des otages, et le rétablissement du flux d’aide humanitaire à Gaza.
Qui est Edan Alexander ?
Edan Alexander est un jeune homme de 21 ans, né à Tel Aviv, mais ayant grandi dans le New Jersey, aux États-Unis. Il s’était engagé dans l’armée israélienne après son diplôme en 2022, et servait dans une unité d’élite, la brigade Golani. Le 7 octobre 2023, alors en poste dans le sud d’Israël, il a été capturé lors de l’attaque sans précédent du Hamas.
Le jour de son enlèvement, il avait échangé des messages rassurants avec sa mère, avant de disparaître. En novembre, il est apparu dans une vidéo diffusée par le Hamas, visiblement affaibli, appelant à l’aide en anglais et en hébreu. En avril, une autre vidéo le montrait critiquant le gouvernement israélien et exprimant son désespoir. Sa famille a déclaré avoir reçu, à l’occasion de la fête des Mères (célébrée le 11 mai aux États-Unis), la « meilleure nouvelle possible » : la perspective de son retour après 583 jours de captivité. Elle a remercié le président Donald Trump et son émissaire Serge Witkoff pour leurs efforts diplomatiques.
Trump attendu au Moyen-Orient
Cette annonce intervient à la veille de la visite du président états-unien Donald Trump, attendu au Moyen-Orient du 13 au 16 mai. Il se rendra en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis, où la question de Gaza figurera au cœur des discussions.
Israël maintient sa ligne dure
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a indiqué qu’il poursuivrait l’offensive militaire à Gaza, indépendamment de la libération d’Edan Alexander. « Les négociations se dérouleront sous le feu », a affirmé son bureau, rappelant que les objectifs de la guerre restent inchangés : libération de tous les otages, destruction des capacités militaires du Hamas et démilitarisation de la bande de Gaza.
Situation humanitaire dramatique
Depuis le 18 mars, Israël a repris ses opérations militaires à Gaza après une trêve de deux mois. Dimanche, 12 Palestiniens, dont des enfants, ont été tués dans des frappes israéliennes à Khan Younès. L’armée israélienne a affirmé avoir visé « plus de 50 cibles terroristes » mais n’a pas commenté les pertes civiles. L’accès à l’aide humanitaire reste fortement restreint, aggravant une crise déjà dramatique pour les 2,4 millions d’habitants de Gaza.
Un bilan humain toujours plus lourd
L’attaque du 7 octobre 2023 a causé la mort de 1.218 personnes en Israël, principalement des civils, selon les autorités. 251 personnes avaient été enlevées ce jour-là ; 58 sont toujours retenues, dont 34 seraient mortes selon l’armée israélienne. En représailles, l’offensive israélienne a fait plus de 52.800 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres fournis par le ministère de la Santé local, jugés crédibles par l’ONU.
Vers un accord global ?
Le Hamas affirme être prêt à engager des négociations intensives pour un accord global : cessez-le-feu, échanges de prisonniers, reconstruction de Gaza, fin du blocus, et gestion indépendante du territoire. Mais les lignes rouges israéliennes et les divergences régionales compliquent les perspectives de paix à court terme.
La libération annoncée d’Edan Alexander pourrait-elle ouvrir une nouvelle phase dans ce conflit prolongé ? Une question cruciale, alors que la pression internationale pour une désescalade ne cesse de croître.