Kenya: indignation après les propos du président Ruto sur le retour des militants enlevés

Au Kenya, lors d’un point de presse lundi 12 mai, le président William Ruto a affirmé que toutes les personnes disparues ces derniers mois dans des circonstances inexpliquées, avaient rejoint leurs familles. Un an après la mobilisation contre la loi de finances dont la répression policière a fait près de 60 morts et 80 disparus, ces propos passent mal et suscitent l’indignation.

C’est l’indignation au Kenya après les propos du président William Ruto sur la disparition ces derniers mois et dans des circonstances inexpliquées de plusieurs personnes. Lors d’un point de presse lundi au palais présidentiel, le numéro un Kényan a affirmé que ces personnes  » ont rejoint leurs familles », assurant au passage, « qu’il n’y aurait pas d’enlèvements et de disparition forcées » durant son administration. Une déclaration »méprisante et inexacte », dénoncent certaines organisations locales de défense des droits de l’Homme.

Pour Vocal Africa, une organisation de défense des droits de l’Homme, les affirmations du président Ruto sont un « mépris » à « l’égard des familles kényanes qui continuent de chercher leurs proches ». L’organisation publie une liste de noms de personnes toujours manquantes et dont la majorité ont pris part aux manifestants de mai et juin 2024. Vocal Africa fustige et déplore « un système de répression et d’impunité ».

Même son de cloche pour David Maraga, ancien président de la Cour suprême du Kenya. Selon lui, les propos de William Ruto  » sont inadmissibles », surtout  » qu’il reste tant d’appels à la justice », s’est indigné l’ancien magistrat.

A l’occasion de la célébration de la fête des mères dimanche 11 mai, des parents des victimes de la répression du mouvement contre la loi de finances, ont publié une pétition dans laquelle, ils demandent que lumière soit faite sur le sort de leur enfants.

L’opposante Martha Katia, a appelé M. Ruto, a reconnaître  » les exécutions extrajudiciaires et le rôle des forces de sécurité dans cette affaire ». Sur « X », elle a déclaré que le fait pour le président de reconnaître les enlèvements n’était pas suffisant.

Dans une de ses revues périodiques, la Commission des droits de l’homme des Nations unies, a épinglé les autorités kényanes, dénonçant notamment les violences policières en hausse et la régression des libertés civiques.

Le 5 mars , quatre journalistes ont été attaqués ou empêchés de travailler par les forces de l’ordre alors qu’ils couvraient des manifestations à l’est de la capitale Nairobi. Une récidive, car en août 2024, RSF( Reporters sans Frontières) a saisi la police des polices afin d’enquêter sérieusement sur six cas de journalistes violentés, après qu’un agent de police a tiré des balles en caoutchouc sur le reporter la chaîne de télévision locale « Kameme TV », Catherine Wanjeri Kariuki, la laissant au sol avec sa jambe ensanglantée, lors d’une manifestation contre le gouvernement. Plusieurs journalistes avaient également été directement visés par des tirs de gaz lacrymogène, avait indiqué RSF.

Les manifestations du 25 juin 2024 à Nairobi et d’autres villes du pays, au cours desquelles au moins 50 personnes ont perdu la vie lors des échauffourées provoquées, par un projet de hausse d’impôts, sont venues ternir la bonne réputation en matière de l’État de droit que jouissait le Kenya, contrairement à ses voisins.

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