Le président sud-africain Cyril Ramaphosa doit rencontrer, ce mercredi 21 mai, à Washington, son homologue Donald Trump, qui a fait de l’Afrique du Sud l’une de ses cibles privilégiées depuis son retour aux affaires. Cette rencontre qui intervient dans un contexte tendu s’annonce particulièrement compliqué pour M. Romaphosa, fin négociateur néanmoins.
Donald Trump et Cyril Ramaphosa se rencontrent ce mercredi à Washington sur fond de tensions, le président Sud-Africain souhaite relancer une relation bilatérale minée par les accusations infondées de son homologue états-unien sur un prétendu « génocide » de fermiers blancs en Afrique du Sud mais aussi la position très dure de Pretoria vis à d’Israël, partenaire historique des EUA.
Lors de cette visite, Pretoria cherchera en priorité à maintenir ses relations commerciales avec les États-Unis d’Amérique, notamment ses exportations. Pour l’Afrique du Sud, la relation avec les EUA est essentielle. « Washington est le deuxième partenaire commercial du pays », a soutenu le porte-parole de la présidence sud-africaine, Vincent Magwenya sur les antennes d’une radio locale.
Pretoria craint ainsi les tarifs douaniers annoncés par le président Trump, tarifs actuellement suspendus, mais qui pourraient inclure à terme une taxe de 31 % sur les importations sud-africaines. Ce qui auraient de lourdes conséquences pour le marché de l’emploi sud-africain.
Selon John Steenhuisen, le ministre sud-africain de l’Agriculture, l’une des priorités de cet entretien et au-delà de ce déplacement, c’est donc de « protéger les emplois, accroître l’économie et élargir les opportunités d’emploi ». Les autorités sud-africaines vont ainsi militer pour le maintien de l’AGOA, cet accord commercial qui permet un accès préférentiel au marché américain. Cet accord devait initialement être renouvelé au mois de septembre, mais avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche son avenir s’inscrit désormais en pointillé. Or, selon le ministre sud-africain de l’Agriculture, la fin de cet accord serait désastreux à la fois pour les agriculteurs, les ouvriers agricoles et l’économie sud-africaine dans son ensemble.
Plus encore, Donald Trump menace de snober le premier sommet G20 sur le continent africain en novembre à Johannesburg et à fait expulser l’ambassadeur sud-africain à Washington en mars dernier.
Des Afrikaners aux États-Unis
» Il va être difficile aux États-Unis de continuer à prétendre que les blancs sont persécutés en Afrique du Sud », a souligné mardi, Pretoria en appelant Washington à cesser cette désinformation. Les relations entre les deux pays sont au plus bas, » nous devons réinitialiser les relations mais plus important encore, aplanir les problèmes qui peuvent exister, même si certains d’entre eux sont fondés sur la désinformation », a déclaré M. Magwenya.
Les États-Unis d’Amérique et ont accueilli le 12 mai un premier groupe d’environ 50 membres de la minorité Afrikaners , après que Donald Trump les a appelés à quitter leur pays et trouver refuge aux EUA. Si ce programme de réinstallation se poursuit, « l’ Afrique du Sud s’en offusquera », a prévenu le porte-parole de la présidence Sud-africaine.
À Washington, l’administration Trump campe sur ses positions. Interpellé mardi lors d’un vif échange devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, le secrétaire d’État états-uniens, Marc Rubio a déclaré que » les 49 personnes qui sont venues se sentaient certainement persécutées ». Cette réception des Afrikaners détonne d’autant que l’administration Trump a quasi suspendu l’accueil des réfugiés et de demandeurs d’asile aux EUA, en conformité avec le durcissement de sa politique migratoire.
D’aucuns voient dans cette exception faite aux Afrikaners, l’ombre du milliardaire et proche conseiller de Donald Trump, Elon Musk, lui-même né en Afrique du Sud. Il a accusé par le passé les dirigeants du pays » d’encourager ouvertement le génocide de personnes blanche en Afrique du Sud ».
Au- dela de cette polémique, l’administration Trump ne décolère pas contre Pretoria en raison de sa proximité avec Pékin et Moscou, alors que le pays est membre du BRICS. Les États-unis d’ Amérique s’offusquent aussi de la position de l’Afrique du Sud à l’égard d’Israël. En décembre 2023, Pretoria a déposé une plainte contre Tel-Aviv devant la Cour international de (CIJ). Les autorités sud-africaines accusant l’État Hébreu de violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, dans le cadre de la guerre avec le Hamas à Gaza.
Dans cette atmosphère, la situation peut-elle s’apaiser ? C’est tout l’enjeu de cette visite de Cyril Ramaphosa, qui est accompagné de quatre ministres. Il a prévu rester jusqu’à vendredi sur place, Le Président Sud Africain, reconnu pour ses talents d’habileté négociateur, va tenter de faire basculer les choses à son avantage, car il a quelques cartes en mains.
Son pays dispose d’importantes réserves de minerais, du manganèse, du chrome ainsi que les métaux de la famille du platine. Un accord dans ce domaine est fort envisageable à l’image de celui avec l’Ukraine. L’hypothèse est sur la table et peut constituer un moyen d’apaiser les différends et de permettre aux deux pays d’entrevoir avec plus de sérénité l’avenir.