La Cour suprême du Bangladesh a annulé mardi 27 mai la condamnation à mort d’un haut dirigeant du principal parti islamiste du pays et ordonné sa libération, a indiqué à la presse son avocat.
Azharul Islam, l’un des principaux dirigeants du Jamaat-e-Islami, le plus grand parti islamiste du Bangladesh a retrouvé la liberté ce mardi 27 mai, après 13 ans de détention et des années passées dans le couloir de la mort, a annoncé son avocat Shishir Mounir.
Azharul Islam faisait partie des six dirigeants politiques de haut rang condamnés sous le régime de Sheikh Hasina, chassée du pouvoir par une révolte étudiante en août 2024. Son avocat a reconnu que son client a eu » la chance » car les cinq autres dirigeants politiques de haut rang condamnés avec lui avaient déjà été exécutés.
La libération de Azhrul Islam ne fait cependant pas l’unanimité. Si les partisans de son parti ont qualifié son acquittement de réparation d’une injustice judiciaire, à la ligue Awani, principal parti d’opposition, récemment interdit par le gouvernement, on dénonce « une honte nationale » et une » profonde trahison » de la lutte pour libération. Le parti considère l’acquittement d’Azharul Islam comme une tentative de réhabiliter les figures qui se sont opposées à l’indépendance du Bangladesh contre le Pakistan en 1971.
Dans le contexte de fortes tensions politiques dans le pays, cette décision interroge par son timing. Elle intervient à un moment où la transition qui est dirigée par Muhammad Yunus est aujourd’hui très fragile », a confirmé à l’AFP, Nodrine Drici, directeur du cabinet d’expertise ND Consultance.
L’acquittement d’Azharul Islam n’est rien d’autre qu’une stratégie plus globale de normalisation du Jamaat-e-Islami en tant que force politique à part entière. Jusqu’ici, le parti » a été à plusieurs reprises banni des élections en raison de ses objectifs religieux, interdits par la Constitution », explique M. Drici. L’enjeu est grand car en parallèle de cette normalisation se déroule aussi » les discussions sur le maintien ou non du secularisme qui constituait l’un des quatre piliers du Mujibisme, l’idéologie de Sheikh Mujibur Rahman, ou son remplacement par le pluralisme », a-t-il ajouté.
Le Jamaat-e-Islami avait soutenu Islamabad pendant la guerre, un rôle qui suscite toujours la colère de nombreux Bangladais. Les partis politiques, y compris Jamaat-e-Islami, sont en lice pour les prochaines élections législatives que le gouvernement provisoire à promis.