Les députés français ont donné mardi 27 mai, en premiere lecture, leur onction pour la création d’un droit à l’aide à mourir. Une première étape décisive d’une réforme majeur de la présidence Macron.
En France, désormais il sera possible pour certains malades de solliciter l’aide à mourir(suicide assisté). L’option a en tout cas été prise ce mardi 27 mai, par l’Assemblée nationale, où 305 députés contre 199 ont approuvé cette réforme contenue dans deux textes relatifs à la fin de vie.
Dans la pratique, ce « droit à l’aide à mourir » encore appelé suicide assisté ou euthanasie sera ouvert aux patients français vivants de manière stable en Hexagone, atteints d’un mal « irréversible »et présentant « une souffrance physique ou psychologique » liée à leurs maladies et manifestant leur volonté » de façon libre et éclairée ».
Ce droit répond à l’objectif de mettre en place « un modèle français » d’aide à mourir, « strict et encadré », affirmait encore ce wee-kend, la ministre de la Santé, évoquant les malades »pour lesquels les soins palliatifs ne répondent plus à leurs souffrances ».
Les deux textes vont maintenant être discutés, sans doute l’automne, au Sénat, chambre plus conservatrice, donc susceptible d’en modifier certains aspects. Une deuxième lecture suivra en suite à l’Assemblée nationale.
Sur « X », Emmanuel Macron a parlé d’une « étape importante » le vote par l’Assemblée nationale en faveur du droit à l’aide à mourir, et insisté sur » le respect des sensibilités de chacun ».
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a reconnu de son côté « un pas de plus vers le respect de chaque parcours de vie, vers la liberté de choisir, vers une société qui ne décide plus à la place, mais qui accompagne, qui écoute, qui soutient ».
Même s’il n’a pas réagi après le vote de ce texte, François Bayrou, Premier ministre centriste et historiquement réticent à l’aide à mourir a fait part mardi matin de ses » interrogations » sur le texte et confié que s’il était député, il « s’abstiendrai(t) ».
L’adoption de ce texte par l’Assemblée nationale n’occulte pas la délicatesse du sujet au centre de plusieurs divergences même au sein du corps médical. » La fin de vie est certes un sujet intime, Elle porte sur des expériences personnelles parfois déchirantes (…) Mais légiférer sur la fin de vie n’est pas affaire que de liberté personnelle » écrivait lundi, le quotidien catholique « La Croix » dans son éditorial.
Au début du mois les autorités religieuses françaises ont publié une déclaration commune dénonçant le projet de loi et mettant en garde contre les dangers d’une » rupture anthropologique ». La Conférence des responsables religieux de France(CRCF) qui représente les communautés catholique, orthodoxe, protestante, juive, musulmane et bouddhiste s’inquiète des mesures proposées. Elle estime que ses mesures risquent d’exercer une pression sur les personnes âgées et les personnes malades ou handicapées.
En cas d’adoption, la France deviendrait officiellement le huitième pays européen à légaliser l’aide à mourir après la Suisse, les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, la Belgique et le Luxembourg. Dans le reste du globe, le suicide assisté est légal dans plusieurs États aux EUA, au Canada, en Australie en Colombie, sous certaines conditions.