Deux des trois partis d’opposition en Slovénie ont demandé une motion de censure contre le ministre de l’Intérieur Boštjan Poklukar, la deuxième contre lui en six mois, alors qu’ils cherchent à intensifier la pression sur le gouvernement à moins d’un an des prochaines élections générales prévues.
Six mois après une première motion de défiance, Bostjan Pokluar, ministre de l’intérieur de Slovénie est de nouveau confrontée à une autre. La Nouvelle Slovénie (NSi) et les Démocrates l’accusent dans une motion déposée le 30 mai, de manquement à ses devoirs, d’abus de pouvoir et de violation des droits du travail, notamment dans sa gestion de la police, qui est formellement une partie indépendante du ministère de l’Intérieur, et la situation générale en matière de sécurité.
Les deux parties trouvent problématique la manière dont Poklukar a procédé pour réorganiser le Centre de sécurité et de protection, qui est en charge de la sécurité des hauts fonctionnaires et qui est en cours de refonte après avoir passé des semaines à la une des journaux au milieu d’ allégations de méfaits commis par des agents de sécurité. Ils affirment que cette réorganisation soulève des questions quant au respect de la loi et qu’il existe un risque qu’elle soit utilisée comme prétexte pour licencier certaines personnes.
La deuxième série d’allégations concerne l’implication présumée de Poklukar dans un système présumé de trafic d’êtres humains dirigé par un propriétaire de restaurant. Une accusation qui fait référence à un reportage de l’émission d’actualité « Tarča sur TV Slovenija » à la mi-mai, où il a été révélé qu’une personne soupçonnée de trafic de travailleurs philippins était une connaissance du ministre et le frère du chef de son cabinet. Les journalistes de « Tarča » ont obtenu la preuve que le ministère était au courant de l’enquête menée contre le trafiquant présumé, et que le suspect lui-même était peut-être au courant de l’enquête en cours.
Une autre allégation concerne le fait que Poklukar n’a pas réussi à remédier au manque de personnel au sein des forces de police et que la sécurité en général s’est détériorée. « La confiance dans les forces de l’ordre est cruciale, et le ministre a gaspillé cette confiance par ses actions – ou par leur absence de celles-ci », estiment ses pourfendeurs. Dans une publication sur Facebook, Poklukar a repondu que le ministère faisait du bon travail et que la police était indépendante pour assurer la sécurité du pays, ce qui, selon lui, semble irriter l’opposition. « Je rejetterai ses allégations avec des arguments lors du débat parlementaire », a-t-il promis.
Dans le système politique slovène, les votes de défiance sont un outil populaire utilisé par les partis d’opposition pour demander des comptes à des individus ou à l’ensemble du gouvernement. Mais, sauf si le pays est doté d’un gouvernement minoritaire, ce qui est très rare, ils n’entraînent pas directement la perte de ministres. Au lieu de cela, ils accordent à l’opposition une journée entière de débat au Parlement et une large couverture médiatique, et parfois la pression monte suffisamment pour que les ministres soient finalement contraints de démissionner.
Il s’agit du douzième vote de défiance contre un ministre du gouvernement de Robert Golob ou contre le gouvernement dans son ensemble depuis son arrivée au pouvoir il y a trois ans. Aucun de ces votes n’a abouti jusqu’à présent, le gouvernement disposant d’une majorité confortable au Parlement.