Les contenus du géant des vidéos pornographiques Aylo, propriétaires des sites Pornhub ou Redtube ne seront plus accessibles aux internautes depuis la France à partir de mercredi après-midi, en réponse à l’obligation de vérification d’âge des utilisateurs, a déclaré ce mardi 3 juin Alex Kekesi, vice-présidente de la communauté et de la marque chez Aylo.
Le géant de la pornographie en ligne Aylo, qui édite les sites Pornhub, RedTube et YouPorn, va bloquer l’accès à ses contenus sur le territoire français à partir du mercredi 4 juin dans l’après-midi, a annoncé le groupe mardi au cours d’une conférence de presse. Cette décision est dans la droite ligne des actions prises par le leader du porno ces dernières années, qui s’oppose fermement aux législations l’obligeant à vérifier l’âge des visiteurs pour empêcher les mineurs de consulter des contenus pornographiques.
L’obligation de vérification de la majorité de leurs utilisateurs s’applique depuis mars à tous les sites pornographiques en France, et ceux établis dans et hors de l’Union européenne. Ils doivent exiger l’envoi d’une photo ou d’un document d’identité par exemple, en proposant au moins une méthode respectant le principe de double anonymat qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au blocage.
En lieu et place de la page d’accueil des trois sites concernés, les internautes français verront un texte de lobbying, accusant la France de mettre en danger la vie privée des consommateurs en imposant des mécanismes de vérification intrusifs et peu fiables.
L’Arcom dit, dans un communiqué de presse, prendre « acte de la décision du groupe Aylo » : « Le groupe Aylo, a fait le choix de se soustraire à l’impératif que constitue la protection des mineurs en suspendant l’accès à ses contenus en France y compris pour un public majeur, alors qu’il existe de nombreuses solutions techniques sur le marché permettant de vérifier l’âge des utilisateurs tout en assurant la protection de leurs données personnelles », déclare le gendarme de l’audiovisuel.
Aylo défend de son côté une vérification de l’âge au niveau des appareils et de leur système d’exploitation. « Google, Apple et Microsoft, ont tous la capacité de vérifier l’âge de l’utilisateur au niveau du système d’exploitation ou de l’appareil, et de fournir une information sur l’âge à tout site ou application », a avancé Solomon Friedman du fonds d’investissement Ethical Capital Partners, propriétaire d’Aylo. « Les mesures mises en place par le gouvernement français sont déraisonnables, disproportionnées et inefficaces », a-t-il ajouté.
Si Aylo préfère sortir de France que d’appliquer notre loi, libre à eux », a confié balaie sur « X » la ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, Clara Chappaz. « Le référentiel de l’Arcom garantit la vie privée avec le double anonymat », martèle la ministre déléguée, pour qui « mentir quand on ne veut pas respecter la loi et prendre en otage, c’est inadmissible ». À la suite de sa collègue, Aurore Bergé, ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations a eu ce commentaire sur « X », Pornhub, YouPorn et Redtube refusent de se conformer à notre cadre légal et décident de partir. Tant mieux ! Il y aura moins de contenus violents, dégradants, humiliants accessibles aux mineurs en France. Au revoir« .
Pas moins de 17 géants du porno établis dans l’Union européenne (UE) mais hors de France, avaient jusqu’au 6 juin pour mettre en place des techniques censées vérifier si leurs utilisateurs français sont majeurs, le simple panneau « J’ai plus de 18 ans » sur la page d’accueil n’étant plus suffisant. Les sites pour adultes établis en France et hors de l’UE sont déjà soumis à cette obligation depuis le 11 avril.
Les sites concernés ne doivent pas collecter directement les données des utilisateurs, mais passer par des intermédiaires qui fournissent une « preuve d’âge ». Ils peuvent utiliser plusieurs techniques, comme l’analyse d’un document d’identité ou l’estimation d’âge à partir d’un selfie. Les sites pornographiques doivent proposer au moins une solution dite en double anonymat: avec celles-ci, l’entreprise qui vérifie l’âge d’un internaute ne peut pas savoir à quel site il veut accéder, grâce à des techniques de chiffrement.
Le dossier du contrôle de l’âge passe également à la vitesse supérieure au niveau européen. La Commission européenne a annoncé vendredi 30 mai qu’elle allait fournir sa propre application de vérification d’âge en juillet 2025, rapporte le « Financial Times » . Elle a aussi lancé des enquêtes contre quatre sites pornographiques (Pornhub, Stripchat, XNXX et XVideos) qu’elle accuse de ne pas mettre en place de mesures de vérification d’âge suffisantes au regard du droit européen.