Nouvelle escalade en Syrie : frappes israéliennes en représailles , jihadistes intégrés à l’armée et la possible découverte du corps du père Dall’Oglio – Point sur la situation ce 4 juin

Alors que la Syrie est plongée dans une recomposition politique et militaire profonde depuis la chute du président Bachar al-Assad, les derniers événements viennent aggraver encore un peu plus l’instabilité régionale. Entre ripostes israéliennes, décisions controversées de Washington et révélations troublantes sur le sort du père Paolo Dall’Oglio, le pays reste au centre d’une tension géopolitique grandissante.

Frappes israéliennes en réponse à des tirs de roquettes : Damas dément toute implication

Dans la nuit du 3 au 4 juin, l’armée israélienne a lancé une série de frappes aériennes et d’artillerie contre le sud de la Syrie. Ces attaques font suite à des tirs de roquettes venus du territoire syrien vers le plateau du Golan, territoire occupé par Israël depuis 1967. Les projectiles sont tombés dans des zones inhabitées, sans faire de victimes, mais ont provoqué l’activation des sirènes d’alerte dans la région.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a tenu pour responsable le nouveau président syrien, Ahmed al-Charaa, affirmant que toute attaque contre Israël serait directement imputée à son régime. Israël a notamment ciblé des positions militaires dans les provinces de Quneitra et Deraa.

Damas, de son côté, nie toute implication. Le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé une “violation flagrante de la souveraineté” et déclaré qu’il ne pouvait “confirmer la véracité” des tirs contre Israël. Selon lui, “de nombreuses parties cherchent à déstabiliser la région pour servir leurs propres intérêts”.

Les États-Unis autorisent l’intégration de jihadistes étrangers dans l’armée syrienne

Dans une décision controversée, les États-Unis ont donné leur feu vert à l’intégration de 3 500 combattants jihadistes étrangers dans les rangs de l’armée syrienne, à condition que le processus se fasse de manière transparente. Ces combattants, pour la plupart Ouïghours originaires de Chine et d’Asie centrale, seront intégrés dans une unité militaire nouvellement créée : la 84e division.

Selon l’envoyé spécial américain en Syrie, Thomas Barrack, ces éléments sont désormais “loyaux à la nouvelle administration islamiste” et il vaut mieux les intégrer à un projet étatique que les marginaliser. Cette décision représente un revirement majeur dans la stratégie américaine, après des années de refus catégorique d’inclure des combattants étrangers dans les forces régulières syriennes.

Ce choix suscite une profonde inquiétude, notamment en Israël, qui voit dans cette évolution une menace sécuritaire directe, d’autant que certains de ces jihadistes ont combattu dans les rangs de groupes liés à al-Qaïda, comme Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

Le mystère du père Paolo Dall’Oglio relancé : un corps découvert près de Raqqa

Une autre actualité vient bouleverser la scène syrienne : la possible découverte du corps du père Paolo Dall’Oglio, jésuite italien disparu depuis le 29 juillet 2013 dans le nord de la Syrie. Selon des informations rapportées par l’hebdomadaire Oggi, un corps en habits religieux aurait été retrouvé dans une fosse commune près de Raqqa par des fouilleurs affiliés aux Forces Démocratiques Syriennes (FDS), une coalition majoritairement kurde soutenue par Washington.

Le nonce apostolique à Damas, le cardinal Mario Zenari, a confirmé que l’Église enquêtait sur cette découverte, mais que l’identification restait à confirmer. La sœur de Paolo, Cécilia Dall’Oglio, a émis de sérieux doutes sur la véracité de cette information, la qualifiant même de probable “fake news”.

Une source proche de l’enquête a toutefois indiqué que les fouilleurs savaient où chercher, laissant entendre que cette découverte aurait pu être facilitée par le nouveau pouvoir syrien, dans le but de s’attirer les bonnes grâces de l’Occident.

Des analyses ADN sont en cours pour vérifier s’il s’agit bien du prêtre disparu. L’ambassade d’Italie à Damas a été mobilisée pour suivre le dossier de près.

Une région au bord du précipice

La Syrie post-Assad s’engage dans une voie périlleuse. La normalisation progressive que cherchent à imposer les nouvelles autorités islamistes, avec l’assentiment partiel des puissances occidentales, ne parvient pas à masquer les tensions profondes qui agitent le pays.
•Israël continue ses frappes pour empêcher que des armes ne tombent entre les mains de groupes qu’il juge terroristes.
•Les États-Unis cherchent une stabilité de façade, quitte à intégrer d’anciens combattants islamistes dans des institutions militaires.
•L’Europe, de son côté, observe avec prudence, alors que la question des disparus, comme celle du père Dall’Oglio, reste une plaie ouverte.

Alors que la Syrie est toujours techniquement en guerre avec Israël, toute escalade pourrait provoquer une conflagration régionale aux conséquences incontrôlables. Le fragile équilibre construit ces derniers mois semble aujourd’hui menacé de toutes parts.

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