En Italie, le sénat a finalement adopté mercredi 5 juin, le nouveau décret-loi sécurité fortement voulu par le vice Premier ministre et chef de la League Matteo Salvini. Un texte très controversé à cause de ses dispositions particulièrement répressives fustigent ses opposants qui parlent de dérive autoritaire renvoyant, l’Italie »au temps du fascisme« .
L’Italie à l’ère du « fascisme »? C’est en tout cas ce que soutiennent les farouches opposants au nouveau décret-loi sécurité voté mercredi 5 juin par le sénat du pays. Il prévoit des dispositions allant à la limitation de la liberté de manifester aux expulsions accélérées de logements occupés illégalement. La fronde monte contre cette loi, particulièrement voulue par le chef de la ligue Matteo Salvini.
Au coeur des mesures les plus critiquées par l’opposition, on peut citer le renforcement de la protection et de l’aide financière pour les policiers ou carabiniers mis en cause dans des dossiers de violence.
Autres dispositions décriées : le durcissement des peines pour les révoltes dans les prisons ou dans les centres pour migrants, même s’il s’agit de résistance passive. Ou encore, l’obligation d’incarcération pour les femmes enceintes ou mères d’un enfant en bas âge coupables de délits, comme le vol à la sauvette. Pour l’opposition du centre droite, c’est un recul net que vient de connaître le pays. Elly Schlein, chef du Parti démocrate a affirmé que « Ce décret-loi sécurité nous ramène au temps du code fasciste Rocco adopté en 1930. Mes compliments », a-t-elle lancé très sarcastiquement.
Dans le camp d’en face la satisfaction est à son comble. Matteo Salvini inspirateur du texte se réjouit : « C’est une belle journée ! Finalement le décret-loi sera converti en loi », s’est félicité le chef de la Ligue (extrême droite) et vice-président du Conseil. La Première ministre Giorgia Meloni, elle, a également salué l’adoption sur les réseaux sociaux : « Le gouvernement accomplit un pas décisif pour accroître la protection des citoyens et des hommes et femmes en uniforme ».
Pour les associations, c’est une attaque aux « formes habituelles de protestation«
Le texte a fait l’objet de nombreuses manifestations ces derniers mois dans le pays. Samedi 31 mai encore, des milliers de personnes avaient manifesté à Rome contre la loi, encadrés par un important dispositif policier et passant par de lieux emblématiques de la capitale italienne. Les mobilisations ont été organisées non seulement par l’opposition au très droitier gouvernement, mais également par les syndicats et des organisations de juristes. « Nous considérons cette loi comme la plus importante attaque contre la liberté d’être en désaccord » avec le gouvernement « de l’histoire de l’Italie républicaine », avait déclaré l’avocat Cesare Antetomaso, membre de l’Association nationale des juristes démocrates. Me Antetomaso reproche ainsi le fait que « les formes habituelles de protestation syndicale, comme bloquer les routes peuvent être punies d’une peine allant jusqu’à deux ans de prison ».
En effet le blocage des routes considéré jusqu’alors comme une infraction administrative est désormais selon cette nouvelle loi, un délit pouvant entrainer une peine d’emprisonnement allant jusqu’à deux ans. 14 nouveaux délits à l’instar de la simple menace contre des membres des forces de l’ordre lors d’une manifestation ont été créé par cette nouvelle loi adoptée à 109 voix pour et 69 contre.