Ce dimanche 8 juin, des dizaines de milliers de madrilènes ont manifesté contre le gouvernement de Pedro Sánchez. Ils accusent le Premier ministre de corruption et réclament des élections générales anticipées.
Aux cris de « Pedro Sanchez démissionne ! » et brandissant des drapeaux espagnols, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, dimanche 8 juin, à Madrid à l’appel du principal parti d’opposition conservateur d’Espagne, contre le gouvernement du premier ministre socialiste, accusé de corruption.
C’est la sixième fois en deux ans que le Parti populaire (PP) convoque un grand rassemblement contre ce qu’il considère le gouvernement illégitime de Pedro Sanchez. Le slogan de la manifestation ne prête pas à la confusion, « Mafia ou démocratie ». Dans la foule, ou des centaines de personnes brandissaient des drapeaux or et rouge aux couleurs de l’Espagne, les cris de « Pedro Sanchez démission » ont raisonné avec force.
Le Parti populaire (PP) a appelé au rassemblement après la fuite d’enregistrements audio qui auraient montré qu’une membre du Parti socialiste, Leire Diez, menait une campagne de dénigrement contre une unité de police enquêtant sur des accusations de corruption impliquant la femme de Pedro Sanchez, son frère et son ancien bras droit.
Elle a rejeté les accusations, déclarant aux journalistes mercredi qu’elle menait des recherches pour un livre et ne travaillait pas au nom du parti ou de Pedro Sanchez. Elle a également démissionné du parti socialiste.
Le leader du PP, Alberto Nunez Feijoo, a accusé le gouvernement de « pratiques mafieuses » dans cette affaire et a déclaré que Pedro Sanchez est « au centre » de multiples scandales de corruption.
« Ce gouvernement a tout sali — la politique, les institutions d’État, la séparation des pouvoirs », a-t-il déclaré lors du rassemblement avant d’exhorter Pedro Sanchez à « se soumettre à la démocratie » et à convoquer des élections anticipées.
Le PP a estimé que plus de 100.000 personnes avaient participé au rassemblement, qui avait pour slogan « Mafia ou Démocratie ». Le représentant du gouvernement central à Madrid a évalué la participation entre 45.000 et 50.000.
Un rassemblement sous tension politique
La porte-parole du gouvernement, Pilar Alegria, a minimisé la portée du rassemblement, écrivant sur « X » que le duo de rock espagnol Estopa avait attiré plus de monde lors de son récent concert au stade Wanda Metropolitano de Madrid que « le Feijoo apocalyptique de la place d’Espagne ».
Plusieurs proches du chef du gouvernement, au premier rang desquels sa femme et son frère, mais aussi son ex-bras droit et ex-ministre des transports, José Luis Abalos, sont mis en cause dans des enquêtes judiciaires portant sur des cas de corruption.
Ce rassemblement est le sixième organisé à l’appel du PP contre le gouvernement depuis qu’Alberto Núñez Feijóo a pris la tête du parti en avril 2022 et il intervient peu avant un congrès extraordinaire de la formation politique prévu en juillet.
Initialement attendu en 2026, l’événement a été avancé par Alberto Núñez Feijóo qui a argué de la nécessité pour le parti d’être « préparé » en cas d’élections nationales anticipées, une décision analysée comme une volonté de consolidation de son pouvoir. Mariano Rajoy et un autre ex-Premier ministre du PP, José María Aznar, étaient présents place d’Espagne, ainsi que plusieurs chefs de gouvernements régionaux.
Selon les sondages récents, le PP dispose d’une légère avance sur les socialistes, mais Pedro Sánchez reste en tête des chefs de parti préférés des électeurs. Quelque 24,6 % des Espagnols le préfèrent pour diriger le pays, devant le chef du parti d’extrême droite Vox, Santiago Abascal (17,1 %), selon un sondage publié ce lundi dans le quotidien « El Pais ». Alberto Núñez Feijóo arrive en troisième position avec 16,6 %.