L’ex-secrétaire d’Etat à l’Éducation prioritaire, Nathalie Elimas, jugée pour harcèlement moral sur plusieurs collaborateurs, a été condamnée lundi à 10 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris.
Nathalie Elimas, secrétaire d’État chargée de l’éducation prioritaire de juillet 2020 à mars 2022, a été condamnée lundi 16 juin 2025 à dix mois de prison avec sursis pour harcèlement moral. Le tribunal considère qu’elle aurait fait subir à ses collaborateurs des « humiliations » et des « dénigrements ». Celle qui est aujourd’hui conseillère régionale en Île-de-France et qui n’était pas présente à l’énoncé du délibéré a aussi été condamnée à une peine d’inéligibilité de trois ans ainsi qu’à une amende de 5.000 euros.
En revanche le tribunal s’est déclaré incompétent pour étudier les demandes d’indemnités des parties civiles, estimant que les infractions reprochées à l’ancienne secrétaire d’État à l’Éducation prioritaires n’ont pas servi les intérêts financiers de Nathalie Elimas.
Un climat « paranoïaque » au cabinet
En décembre 2021, la secrétaire d’État MoDem avait fait l’objet d’une enquête administrative de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (IGESR), après des signalements internes concernant des « dysfonctionnements » relatifs « aux relations de travail ».
Au cours du procès, trois femmes ont témoigné à la barre de leur passage au cabinet Elimas où régnait selon elles un climat « paranoïaque ».
Elles ont longuement décrit les injonctions contradictoires qu’elles recevaient, notamment concernant la couverture médiatique de la ministre, jalouse de celle des autres femmes du gouvernement.
Elle voulait de la visibilité, mais elle pouvait annuler une interview 30 minutes avant », « paniquée » à l’idée de se faire piéger, et « tout cela retombait sur moi », avait raconté à la barre, Pauline (prénom modifié) ex-conseillère en communication.
Clara (prénom modifié) avait raconté un épisode particulièrement traumatisant, après une fausse couche alors qu’elle travaillait au côté de la secrétaire d’État.
« C’est un jugement qu’on attendait, qui avait été l’objet d’une audience assez âpre », a déclaré Me Guillaume Herzog, conseil d’une des parties civiles. « Ce qui est important, c’est que le tribunal a été dans le détail d’un cabinet ministériel pour dire ce qui relève de pratiques pénales, de harcèlement, et ce qui relève de la difficulté de bosser en cabinet », s’est félicité l’avocat
Un procès né « d’une machination«
Cette procédure est née d’une machination, c’est un récit à charge basé sur des ressentis transformés en vérités officielles », avait déclaré Nathalie Elimas devant le tribunal. Pendant l’audience, cette dernière n’a jamais remis en cause son comportement vis-à-vis de ses anciens collaborateurs. Pour sa défense, Nathalie Elimas a affirmé qu’on « voulait (sa) tête », évoquant un complot politique pour la faire tomber.
D’après elle, Jean -Michel Blanquer, son ministre de tutelle, aurait mal vécu que le président Emmanuel Macron s’adresse directement à elle en conseil des ministres et qu’il en aurait pris ombrage. Nathalie Elimas avait aussi évoqué François Bayrou, patron du MoDem, qui s’était opposé selon elle à ce qu’elle fasse partie du gouvernement.
Mais » Le complot destiné à lui nuire évoqué par la prévenue n’a pas convaincu » le tribunal, a expliqué la présidente à l’annonce du jugement. « Il fait écho à un trait de personnalité paranoïaque » de Nathalie Elimas, a poursuivi la juge. L’avocat de Nathalie Elimas a annoncé son intention de faire appel de la condamnation.